ayant pris des risques pour en préserver l’unité... [3].
Le lieutenant colonel Kountché comprend. Le 16 novembre, quelques jours après son retour, il remet Maitouraré en liberté et se voit ainsi contraint de libérer également ses cinq compagnons.
Mais obligé de battre en retraite, il doit se prouver qu’il ne l’a pas fait sous la pression de ses camarades. Ainsi, dès la remise en liberté de Maitouraré se pose le problème de son remplacement à la tête de la SONORA. Il consulte les membres du CMS qui optent en grande majorité pour le maintien de Maitouraré à son poste jusqu’à la fin de la campagne arachidière en cours. Le lendemain, le lieutenant colonel Kountché ne l’en congédiera pas moins. Le commandant Sory et le capitaine Boulama Manga sont aussi estomaqués que Sani.
La direction collégiale a vécu. Pourtant, personne ne bronche.
Le lieutenant-colonel Kountché transformera cette affaire des 47 en abcès de fixation, en outil de l’affaiblissement de son concurrent.
Donc, le 19 décembre, il porte un nouveau coup en donnant au capitaine Cyrille Gabriel le feu vert pour la publication dans le Sahel, pour la première fois, de dix-neuf personnalités _six hiérarques, douze ministres et le président de l’Assemblée nationale_ accusés de détournement de fonds et de fraude fiscale.
Sani demande une réunion d’urgence du CMS. Elle est orageuse. Employant une fois de plus sa tactique suicidaire, il fait à nouveau allusion aux parents enrichis de différents membres du Conseil Militaire Suprême. Il exige, à nouveau, la publication de tous les noms figurant sur la liste des quarante-sept. Dans son esprit, c’est là un moyen de pression idéal. Mais il oublie que le refus de publication de la liste constitue une parade élégante, imparable.
L’affaire prendra encore de l’ampleur avec les insinuations touchant sa propre fortune. Il riposte en parlant de remettre tous ses biens à l’État nigérien. Puis il se ravise et affirme à une réunion du CMS :
« Je n’ai besoin de personne pour me défendre. Mon dossier est là. Je veux que chacun de vous le lise. Je n’ai rien à me reprocher et je veux qu’on mette fin à la rumeur selon laquelle on me ménage. Ceci dit, ajoute-t-il, qui de nous n’a pas profité de l’ancien régime ? »
Et sur sa lancée : « J’exige, dit-il, qu’une enquête soit menée sur les biens et l’origine de la fortune de chacun d’entre nous... » Là aussi il sera, bien entendu, mis en minorité.
Cet abcès ne se cicatrisera qu’une fois Sani éliminé à l’occasion d’un « complot ». Et on oubliera