que tu ignores ce fait.
« En ce qui concerne le ministère de l’Intérieur, ajoute-t-il, je ne l’avais accepté au départ que contraint et forcé par le CMS. Je n’ai aucune vocation pour ce métier et je n’aime ni à avoir à réprimer, ni à avoir à écouter des dizaines et des dizaines de gens qui affluent de tous les départements et qu’un ministre de l’Intérieur qui se respecte, en Afrique, doit écouter. Sache donc que c’est moi qui ai demandé à être relevé de ce poste, et les discussions au CMS ont traîné douze jours avant que j’arrive à les convaincre de m’en débarrasser.
« Le côté technique de mon poste est important, quoique je ne le surestime pas. Je suis conscient que le développement sans la coopération n’est pas efficace. J’ai tourné la difficulté en créant un Conseil du Développement où seront représentés tous les ministres... »
Ma réponse ?
« Mon pauvre Sani, tu es trop optimiste. Tu surestimes ton poids. Tu prends les autres pour des enfants de chœur. Rappelle-toi l’adage favori d’Houphouët : ‛‛ Deux caïmans mâles ne peuvent coexister dans le même marigot. L’un deux doit éliminer l’autre. ′′ L’estime se mue très vite en jalousie, en haine... »
À midi trente, nous allons tous deux chez A. Sidibé. Je lui demande où en est l’affaire de l’uranium. Il me répond que la date du début des négociations sera fixée à son retour à Niamey, que c’est imminent. « Je compte sur toi, dit-il, je t’aviserai une dizaine de jours à l’avance. » Il ajoute encore que MM. Dandobi et Kaziendé [2] avaient chacun une copie du dossier de l’uranium, avant de lancer une attaque virulente contre le Président. « Jamais, nous dit-il, il n’aurait mené à bonne fin ces négociations, jamais il n’aurait pu obtenir de la France une revalorisation du prix de l’uranium... »
Je lui coupe la parole :
« Tu es injuste, parce que Sidibé et moi étions à ses côtés au moment des négociations avec la délégation conduites par Yves Guéna. Il voulait se battre, il se battait pour obtenir une revalorisation du prix de l’uranium. J’en témoigne : il m’avait demandé, à moi de rester en permanence au Palais pendant toute la négociation. »
Sani me coupe à son tour la parole et me dit :
« Comment peux-tu croire qu’un Chef d’État qui n’avait pas confiance dans son peuple, dans son armée, dans ses officiers, et qui avait un poste de radio le reliant directement à