en banque en Suisse ? La question avait été posée à l’ambassadeur Sidibé au lendemain de son arrestation, au début d’octobre 1974. « Je ne sais pas, avait-il répondu, si l’ancien chef d’État a des comptes à l’étranger. Je sais par contre, avait-il ajouté, que s’il avait des fonds à l’étranger, il ne se serait certainement pas abaissé à contracter des emprunts auprès des banques françaises... »
Peu de Chefs d’État en Afrique et ailleurs peuvent se targuer d’une telle probité, d’une gestion aussi désintéressée des deniers publics. Au demeurant, la presse étrangère ne s’est pas laissée leurrer : elle n’a pas repris les calomnies répandues sur ce plan par les putschistes de Niamey.
Au vu de ces faits, chiffres et arguments, comment croire que les militaires ont pris le pouvoir pour combattre la corruption ?
Au demeurant, le régime militaire aurait mieux fait, là encore, de balayer devant sa porte. Son attitude face aux agissements des siens paraît à l’évidence on ne peut plus répréhensible, proprement scandaleuse.
En effet, le Conseil Militaire Suprême (CMS) n’a pas réagi, a même protégé voir promu, ceux des siens qui s’étaient rendus coupables de vols. Gabriel Cyrille est ce lieutenant métis qui, accompagné d’un sous-lieutenant et d’une vingtaine d’hommes, avait pris d’assaut le Palais aux premières heures de la matinée du 15 avril 1974. Une fois maîtres des lieux, ils avaient fait main basse sur une certaine somme d’argent, les bijoux et même la garde-robe de la Présidente assassinée quelques minutes auparavant. Mis au courant de ces péripéties une semaine plus tard, le colonel Kountché avait ordonné une enquête. Le lieutenant Cyrille déclarait alors à qui voulait l’entendre qu’il se proposait d’aller voir Seyni Kountché avec un camarade, de lui demander d’arrêter l’enquête et, en cas de refus, de « l’abattre comme un chien. » [23]
Le lieutenant Cyrille Gabriel, nommé ministre des PTT, de l’Information et du Tourisme au lendemain du coup d’État, deviendra capitaine le 15 août 1974, grâce à une promotion exceptionnelle, et ministre des Travaux publics, des Transports et de l’Urbanisme en novembre 1974. Ce même Gabriel Cyrille succèdera, en dépit de ses antécédents, à l’Intendant militaire Moussa Tondi comme président de la « Commission de contrôle et d’enquête » chargée « d’inventorier et de recenser tous les biens mal acquis des anciens dirigeants... » !
Quand Gabriel Cyrille tombera en disgrâce à la suite d’autres incidents, on trouvera
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