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Le projet de loi est soumis à l’Assemblée nationale le 22 juin et adopté à l’unanimité. Le rapporteur n’est autre que M. Jean Konan Banny, celui-là même qui, condamné à mort en 1963, fut cloué au pilori par
M. Bédié dans son discours de clôture au IVe Congrès.
Son rapport prouve qu’il n’a pas oublié l’arrogance de celui qui n’était qu’ambassadeur à Washington. La nouvelle loi punit de dix et de vingt ans de prison, et d’amendes élevées tout bénéficiaire de pots-de-vin.
Mais déjà M. Houphouët-Boigny bat en retraite. Il veut refermer au plus vite la boite de Pandore. Il cherche donc à préparer l’opinion.
Il convoque en conséquence un Conseil national élargi qui groupe les élites du pays et déclare :
"... (Notre succès) nous le devons aussi au dévouement
et à la compétence de mes collaborateurs les ministres, dont certains jouissent d’une grande réputation de sérieux et d’expérience à l’extérieur... même s’ils étaient amenés à quitter le gouvernement, nous devons reconnaître les loyaux services qu’ils ont rendus à la Côte-d’Ivoire, permettant ainsi à notre pays de prendre son envol."
Fraternité Matin du 17.7.77.
Ultime argument, oubliant qu’il avait fait juger pour complots des centaines d’innocents par des lois à effet rétroactif et des tribunaux d’exception, le Président fait du juridisme pour expliquer son indulgence. "La loi anti-corruption qui vient d’être votée, dit-il, n’a pas d’effet rétroactif".
En fait, il en est convaincu, un ministre condamné de droit commun n’est guère récupérable, tandis qu’un ministre qui a simplement "fauté" M.Houphouët-Boigny dira au Conseil national d’avril 1983 :"J’aurais dû faire arrêter les ministres qui ont négocié les accords sur les sucreries et les jeter en prison... J’ai préféré me séparer d’eux. Je sais qu’ils ont fauté". (Fraternité Matin du 27.4.83).peut être ramené, sans dégâts irréparables, au bercail, et poussé de l’avant.
Jusque-là, aucun nom de coupable n’avait été prononcé. Qurante-huit heures avant la publication de la liste du nouveau gouvernement,
M. Louis de Guiringaud, ministre des Affaires étrangères de M. Giscard d’Estaing,