prévues.
Certes, toutes les conventions de financement pour les différents projets sucriers portent la signature de M. Bédié ; en mai et juin 1977, à quelques semaines de sa disgrâce, il signe encore deux nouveaux accords de financement de sucreries avec l’Espagne et un consortium de banques. Mais s’agissant de projets agro-industriels, M. Sawadogo, ministre de l’Agriculture, se trouve lui aussi impliqué. Tout comme se trouve engagée la responsabilité de M. Diawara, ministre du Plan, chargé de par ses fonctions de la supervision du processus d’implantation et de la comparaison des prix. Or, les deux ministres ne semblent guère se soucier de l’orage tout proche. Ils signent le 25 janvier 1977 les dernières conventions techniques pour l’implantation des sucreries. Les Belges obtiennent la part du lion.
Les industriels et banquiers européens, violant pour une fois l’omerta de rigueur dans la profession, sont ébahis plus que scandalisés.
Tel d’entre eux cite des chiffres faramineux comme dessous de table, ne se cache pas pour se gausser de la crédulité du Chef de l’Etat ivoirien et de la cupidité de ses ministres, quand il n’envie pas ses concurrents qui ont réussi à décrocher la timbale.
Le Président, dit-on, paraît décidé à sévir contre la corruption d’une façon générale. Pourquoi à ce moment précis ? Ne l’avait-on pas informé, ne voyait-il pas lui-même les somptueuses demeures de ses ministres ? N’était-il pas au courant de leurs investissements immobiliers parfois grandioses ? Telle personnalité n’investissait-elle pas des centaines de millions dans l’achat d’une salle de cinéma, d’une scierie et d’une énorme ferme dans sa région d’origine ? Les officiers du SDECE qui l’entouraient le maintenaient-ils dans l’ignorance des sorties gigantesques de fonds aux origines douteuses ?
Comme sur ce plan "il semblait faire la sourde oreille", écrivait alors
un hebdomadaire Jeune Afrique du 5.8.77., "tout le monde croyait qu’il avait choisi la solution du laisser faire. La corruption n’est-elle pas, après tout, l’envers du libéralisme ?".
En fait, visiblement, le Président hésitait à prendre des sanctions.
Il se résoudra quand même à sévir, assurait-on, car l’épidémie a pris une ampleur inusitée. En effet, on parle de milliards