Stockholm, se lèvera et lui lancera sans
les fioritures d’usage : "Démissionnez donc M. le Président
et représentez-vous avec un vice-président".
Autant en emporte le vent. Houphouët ne peut de toute évidence accéder à cette demande : la situation n’est guère propice, et oindre Bédié dans la conjoncture du moment serait courir le risque d’une crise majeure. D’où des justifications comme celles d’éviter "d’ajouter un supplément de divisions" ou "ce n’est pas la vice-présidence qui nous sortira de la crise économique".
Il est vrai que l’ensemble de la société ivoirienne traverse, une fois de plus, une crise profonde qui dépasse de loin le domaine de l’économie.
La situation s’est aggravée, au fil des ans. Le tissu urbain évolue dans un contexte de tension. Le cacao se vend mal et le boom des prix semble avoir vécu. Les fonctionnaires sont inquiets : le Loch Ness de la suppression de la gratuité du logement refait surface. Le chômage, jadis réservé aux manoeuvres, s’étend aux intellectuels, et touche de plus en plus des cadres de tous niveauxLes diplômes universitaires ne nourrissent plus leurs titulaires. Même ceux qui ont un travail sont mal lotis : un docteur en économie touche 2 200 francs français par mois, tandis que le salaire d’un licencié oscille autour de 1 700 FF. On comprend pourquoi ils essaient d’émigrer.. Un millier d’entre eux, las de quémander du travail, entreprennent , début décembre, une marche vers la Présidence. Elle sera désamorcée par Emmanuel Dioulo agissant en tant que maire du Plateau où se situent précisément les bureaux de la Présidence.
Des troubles graves continuent de secouer l’Université, étudiants, enseignants et chercheurs faisant front commun. La fermeture de l’Université, l’expulsion des étudiants des cités et résidences universitaires, les centaines d’arrestations, et les internements au camp militaire d’Akouedo, ne réunissent guère à calmer les esprits. Dans les quartiers populaires, les chômeurs s’en prennent aux voitures officielles et aux vitrines. Les élèves du secondaire se joignent au mouvement C’est à cette époque que le FMI, faisant preuve d’inconscience, demandait à la Côte-d’Ivoire de porter de 75 à 200 FCFA le prix des repas des étudiants, de doubler le loyer des chambres d’internat et de diminuer les montants de leurs bourses !
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