href=’#nb4’ class=’spip_note’ rel=’appendix’ title=’Fraternité-Matin du 13 juin 1980.’ id=’nh4’>4]. Ce bouc émissaire s’occupant essentiellement du côté “technique” du montage des complots a joué sans doute un rôle important, mais somme toute secondaire. Le Président l’avait sanctionné en le nommant ambassadeur au Liban.
La raison profonde du « Rendez-vous de la réconciliation » de 1971, de sa mise en scène à Yamoussoukro, il convient de la rechercher ailleurs.
A mon sens, on peut le considérer d’abord comme la consécration de l’échec de la classe des planteurs à garder le monopole du pouvoir ; et aussi comme une prise de conscience de la nécessité de se rapprocher des différentes sections de la bourgeoisie pour préserver le leadership des planteurs à la tête de l’État et du Parti.
Le Président avait lui-même énoncé les données et les limites de cette stratégie nouvelle en déclarant : « Laissant aux aînés les postes politiques, c’est à vous, jeunes, que nous venons de confier les postes techniques pour lesquels vous avez été préparés. » Au demeurant, cette stratégie, découlant du double constat cité ci-dessus, avait commencé déjà à recevoir un début d’application, au plan gouvernemental comme à celui du P.D.C.I., par la nomination de plusieurs représentants des couches-parias à des postes de direction.
Les prolégomènes de ce virage remontent en fait assez loin, à 1964-1965, années charnières, il convient de le rappeler, de l’histoire de l’État ivoirien.
Au lendemain même des « complots », le président Houphouët-Boigny avait commencé à réaliser l’impossibilité de monopoliser bien longtemps le pouvoir économique et politique. La nécessité de le partager un jour avec les différentes composantes de l’élite lui paraissait inéluctable. Brimer ou même simplement brider la bourgeoisie d’affaires naissante s’avérait difficile. Comment, par ailleurs, gouverner, c’est-à-dire disposer à son gré des différents instruments de l’appareil d’État, avec une fonction publique cachant difficilement son hostilité ou du moins pratiquant la résistance passive ?
Pour faire face à la situation et retarder, dans la mesure du possible, l’échéance fatidique du partage du pouvoir, il recourra à une tactique dont on ne peut nier le caractère éminemment original : il essaiera à la fois de renforcer et d’étendre les assises de la classe des planteurs, tout en lâchant progressivement du lest au plan des fonctionnaires, et en menant un combat de retardement à celui de la bourgeoisie d’affaires et de l’intelligentsia en général.<br