d’ajouter une troisième composante non négligeable du « miracle ivoirien » à savoir la disponibilité d’une main-d’oeuvre immigrée particulièrement abondante. Avantage énorme quand on prend en considération une particularité propre au secteur primaire ivoirien, et que nous avons déjà relevée, à savoir son caractère nettement capitaliste.
A l’orée de l’indépendance, l’exploitation de ces ouvriers agricoles se trouve aggravée. En 1945, au moment du lancement du Syndicat agricole africain, M. Houphouët-Boigny et ses collègues, attelés alors à l’élimination de leurs concurrents les planteurs blancs, avaient lutté et obtenu pour les ouvriers agricoles un salaire quotidien de 20 francs C.F.A. Quinze ans plus tard, en 1960, ces derniers reçoivent certes 156 francs C.F.A par journée de travail, mais durant la même période le prix du kilogramme de café est passé de 6 francs C.F.A. à 105.
Au plan de la rémunération des travailleurs également, la primauté des planteurs se trouve mise en évidence. En effet, le S.M.I.C. horaire dans le secteur secondaire passera de 37 francs C.F.A. en 1958 à 158 francs C.F.A. au 1er janvier 1979 [13], soit une augmentation de 327 % ; par contre, celui des travailleurs agricoles des plantations de café, de cacao, de coton et de riz, grimpera très lentement, de 19,50 francs C.F.A. l’heure à 400 francs C.F.A. par jour en 1979, soit une augmentation de 156 %, à supposer que la journée se limite à 8 heures de travail… Inutile de le préciser, il s’agit de salaires en francs C.F.A. courants.
Ainsi, les ouvriers agricoles - en grande partie originaires de Haute-Volta - participent, tout naturellement, à l’accumulation accélérée du capital au profit des planteurs.
Dernier élément d’explication du « miracle ivoirien » relevé par le Fonds Monétaire International dans son rapport de 1971 déjà cité, « l’afflux massif de capitaux et de connaissances techniques en provenance de l’étranger, notamment de la France ». Pour ma part, je ne partage absolument pas l’optique du F.M.I. sur ce point. Il est vrai que depuis, les organismes financiers internationaux ont largement nuancé leur opinion sur ce plan. Ainsi, dans son étude de février 1977, la B.I.R.D. [14] reconnaît que le bilan de ce chapitre s’avère largement négatif, même si, au départ, il a pu jouer un rôle mobilisateur en créant une atmosphère de confiance dans les milieux

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