auparavant.
Comment expliquer l’inertie de l’État devant ce que l’organe officiel du P.D.C.I. [6] appelait le « saccage » de la forêt ivoirienne ? Comment expliquer cette inertie quand le ministre de l’Agriculture, en désespoir de cause, dénonçait en public, lors d’une émission télévisée, « l’écrémage forcené mais légal de la forêt » ? [7] Quand le ministère du Plan en était réduit à préciser en 1974 :
« Le fait que les objectifs du Plan aient été dépassés ne correspond… pas à un succès mais à un échec, car cela prouve que les limitations décidées n’ont pu être concrétisées dans les faits » ?
Pourquoi donc une telle carence dans un domaine aussi important ?
L’incapacité de l’État à préserver le patrimoine sylvicole s’explique à mon sens par sa politique à court terme, voire à courte vue [8]. Ici, comme ailleurs, la recherche d’une prospérité apparente - illustrée dans les statistiques, par une balance commerciale excédentaire - a primé de toute évidence la nécessaire préservation du patrimoine forestier [9].
On pourrait penser que cette surexploitation a été compensée par une politique cohérente et dynamique de reboisement. Il n’en est rien, puisque la reforestation ne portait, en 1980, que sur un total de 35 000 hectares [10].
La Société d’Études pour le Développement Économique et Social (S.E.D.E.S.) de Paris, avait donc bien raison de relever que l’exploitation de la forêt ivoirienne était de type « minier ».
Et pourtant, il convient de le rappeler, le président Houphouët-Boigny fut, de tout temps, profondément conscient de la nécessité de préserver la richesse sylvicole du pays. Dans son discours d’investiture du 30 avril 1959, il y a plus de vingt-deux ans, il déclarait devant