« Le miracle ivoirien n’est pas un mirage comme le prétendent certains détracteurs mais une réalité », déclarait le président Houphouët-Boigny en mars 1974. « Quand on songe, ajoutait-il qu’avec des potentialités très limitées nous sommes arrivés - tout est relatif - à un développement durable et envié ! »
Pour la compréhension de l’évolution de la Côte d’Ivoire, il convient d’analyser le contenu de ce « miracle », de préciser ces diverses composantes.
Le « miracle ivoirien » constituait au départ, en 1964, un bon slogan publicitaire destiné à frapper les esprits des journalistes étrangers invités par groupes à visiter la Côte d’Ivoire. Ils débarquaient en effet, prévenus aussi bien contre le pays hôte - à cause des fameux « complots » - que contre l’Afrique dans son ensemble accusée d’être mal partie. Le calme régnant dans le pays, joint à l’état apparemment florissant des finances, aux progrès de l’économie et à l’hospitalité traditionnelle des gens de la brousse, contribuaient à identifier dans leurs esprits le pays et le slogan publicitaire. Ils se trouvaient ainsi amenés, et à travers eux l’opinion mondiale, à considérer la Côte d’Ivoire comme une exception dans une Afrique en débandade.
Durant cette vaste campagne psychologique, dans laquelle l’auteur de ces lignes a joué un rôle non négligeable, un élément fondamental d’analyse du « miracle ivoirien » restait soigneusement caché. Et pourtant, ce facteur, ignoré à ma connaissance par l’ensemble des publicistes, ou du moins oublié, explique, à lui seul, l’opulence financière et l’expansion économique qui ont marqué les premières années de la Côte d’Ivoire indépendante.
Une évaluation rapide de l’ensemble des données et des potentialités de l’économie ivoirienne au moment de l’accession de la Côte d’Ivoire à la souveraineté nationale s’avère indispensable pour comprendre les causes de ce départ foudroyant. En somme, les interventions surnaturelles se faisant de plus en plus rares, il s’agit d’expliquer les rouages du « miracle ivoirien ».
Tout d’abord, je rejette, comme le fait la Banque Mondiale dans son Rapport Confidentiel de février 1977 [<a href=’#nb1’ class=’spip_note’ rel=’appendix’ title=’Report n° 1147 b-IVC - Ivory Coast : a basic economic report- Summary