commerçants qui, eux, sont libres et ont une grande part d’intérêts économiques dans la défense des intérêts généraux du territoire. »
En somme, M. Noguès préconise, tout comme M. Houphouët-Boigny, une alliance des colons avec la bourgeoisie des planteurs et commerçants africains, de préférence à celle des intellectuels-fonctionnaires.
Le 28 mars 1952, L’Humanité hurle au sacrilège :
« Pour la préparation des élections qui se déroulent dimanche prochain en Afrique noire, écrit le rédacteur en chef, certains dirigeants du R.D.A. ont réalisé les pires compromissions avec les colonialistes et leurs agents. En Côte d’Ivoire, Houphouët-Boigny présente des listes communes où lui-même et ses amis se retrouvent avec des R.P.F. comme le commandant Ply, Vamé Doumouya, homme de main du député R.P.F. Sékou Sanogo et les S.F.I.O. comme Bailly. Ces monstrueuses collusions avec les responsables des crimes de 1950 à Dimbokro, Bouaflé, Seguela, etc. ne manquent pas d’éclairer les Africains sur la politique colonialiste suivie par Houphouët-Boigny et ses complices. »
Ironie du sort, les listes de M. Houphouët-Boigny affronteront à Katiola et à Dabou des « candidats R.D.A », des militants qui ont refusé de suivre leur président...
Les résultats paraissent plutôt décevants. Le score de
M. Houphouët-Boigny l’année précédente, lors des élections à l’Assemblée, avait été plus brillant, en dépit des trucages éhontés. D’ une annéeà l’autre, le pourcentage des abstentionnistes passe de 41 à 55 %, et celui des électeurs de M. Houphouët-Boigny tombe de 35 à 33 %. En somme, une partie notable de l’électorat ivoirien semble bouder sinon le désapparentement, du moins la collaboration.
En dépit de ces efforts ô ! combien méritoires, « les brimades contre le R.D.A. dureront affirme G. Chaffard, encore longtemps. Il faudra, ajoute-t-il, que le Rassemblement devienne en 1956, un parti de gouvernement pour qu’elles cessent tout à fait ». C’est à ce moment, écrit-il, que « certains Européens, dans leur revirement, manqueront de dignité et iront jusqu’à la flagornerie ».
Et il rapporte, à propos de cette attitude, une boutade grossière mais succulente qui avait alors cours dans le quartier populaire de Treichville.
Quoi qu’il en soit, l’image des morts et estropiés de la répression s’effacera progressivement, comme sera oubliée la demande de sanction contre les responsables des « crimes » de cette période formulée par Félix