choses : entre 1946 et 1951, le nombre des électeurs soudanais aura triplé, celui des Dahoméens sextuplé, alors qu’on trouvera à peine 140 000 électeurs en Côte d’Ivoire contre 200 000 en 1946.
A l’issue du scrutin du 17 juin 1951, le R.D.A., en dépit du désapparentement, comptera trois élus seulement. Pourquoi ce hara-kiri ? Parce que selon Georges Chaffard, cette défaite était voulue par François Mitterrand et acceptée par Houphouët, avec comme objectif d’amener les colons à admettre le nouveau cours de la politique africaine de Paris. Selon le journaliste français, « il faut battre en 1951 un nombre judicieux de candidats du Rassemblement. Honnêtement, Mitterrand en prévient Houphouët. Il ne va pas jusqu’à lui demander son approbation. Il lui explique simplement ses raisons, Houphouët s’incline » [30].
M. Mitterrand en était réduit à manœuvrer pour réussir à surmonter la résistance des Européens en Côte d’Ivoire.
Le sabordage de sa presse, sa résignation devant la défaite électorale, les vexations subies, cette kyrielle de votes contraires aux objectifs du R.D.A., ne suffisent pas. Voilà M. Houphouët-Boigny obligé de faire un pas de plus pour prouver à l’administration et aux colons sa volonté de collaboration. Le 6 octobre 1951, il prononce un important discours politique à Abidjan. Moins d’un an après le désapparentement et se disant toujours engagé dans la lutte anti-coloniale, il déclare aux militants du R.D.A. :
« Le rôle principal [de l’Exécutif local] doit être celui de guide, de conseiller, d’ami des populations dont il a la charge…
« Nous pouvons ainsi aider grandement l’administration dans sa tâche. La lutte anti-R.D.A., ces trois dernières années, a distrait par trop souvent l’Exécutif local de son rôle principal… Et le libérant de la fonction ingrate de gendarme et d’agent de police… Il pourra se consacrer entièrement à sa véritable et noble mission… »
A partir de là, écrira M. Siriex, Félix Houphouët-Boigny « n’allait négliger aucun effort pour assurer une collaboration aussi étroite que possible avec les gouverneurs... Soucieux de respecter scrupuleusement leur autorité sans jamais chercher à empiéter sur elle, il avait commencé par demander qu’un administrateur de la France d’outre-mer, dûment désigné par le Chef du Territoire, fut détaché auprès de lui pour assurer une liaison permanente et efficace ».
Il