Reçu le 28-11-63 soir
LE PRÉSIDENT
DE LA
RÉPUBLIQUE
à
Monsieur Paraiso
ABIDJAN, le 16 novembre 1963,
Monsieur Paraiso,
Le Gouverneur NAIRAY, à son retour à Abidjan, m’a fait part de l’entretien qu’il a eu avec vous à son passage à New-York.
J’avais effectivement pensé que votre séjour aux États-Unis ne durerait que peu de temps. Mais certaines personnes vous ayant mis nommément en cause, vous comprendrez que j’ai dû attendre pour voir si les accusations portées contre vous pouvaient être fondées.
Or, il se trouve que certaines hautes personnalités arrêtées, dans des déclarations écrites, confirment votre participation à des réunions clandestines et ayant trait à des menées contre le régime.
Je me vois donc amené à vous suggérer - pour vous éviter tout ennui et compte tenu de l’action que vous avez autrefois menée avec courage au sein du R.D.A. - à vous suggérer, dis-je, d’éviter de revenir en Côte d’Ivoire.
Vous pouvez quitter, dès maintenant, les États-Unis et résider si vous le voulez à Paris ou ailleurs, mais - à moins que vous ne vouliez, fort de votre innocence, vous constituer prisonnier et plaider par là même non-coupable - tout retour par vous en Côte d’Ivoire me paraît exclu.
Ce n’est pas sans un serrement de cœur, une grande peine, que je me vois contraint de vous écrire pareillement.
Félix HOUPHOUET-BOIGNY
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