Dr Djessou
Yamoussoukro, le 20-5-64
Monsieur le Président de la République
Après vous avoir écouté le 27-1-64 et après notre entrevue de ce jour 20-5-64, à la suite de mes déclarations du 27-1-64 et du 12-2-64, je me place aujourd’hui plus profondément devant ma conscience de citoyen Ivoirien, d’homme politique et de responsable de famille. Considérant les responsabilités successives que vous avez jusqu’ici eu à me confier, convaincu que vous pouvez encore m’offrir des possibilités de me réhabiliter au service du pays, je me dois, Monsieur le Président de la République, de vous remercier et de vous livrer le fond de ma pensée.
1° Sur le plan de ma position philosophique :
Je suis maçon de la Grande Loge de France. Le Grand Orient de France est la 1re institution maçonnique ici depuis plus de 50 ans. Face à l’esprit laïque et anti-religieux des maçons du Grand Orient : Cadorel, Lhuillier, Garcy, Aoulou et Mockey, j’ai été amené à instituer ici un atelier de la Grande Loge de France. Avant notre indépendance, tous ces ateliers travaillaient sous les auspices des obédiences françaises. En 1961, j’ai décidé la création d’une obédience Ivoirienne, autonome, la Grande Loge de C Ivoire. La déclaration de principe de cette obédience et les statuts vous sont connus. Nos affirmations, dans ces documents, de croyance en un Dieu créateur, le fait d’interdire de nos réunions des discussions politiques et religieuses et notre ferme détermination de respecter les institutions de notre République qui autorisent nos réunions, ont provoqué de la part de certains frères blancs une certaine opposition sinon une hostilité contre notre obédience naissante. Je souligne bien que la France maçonnique rituelle et traditionaliste n’a pris aucune initiative d’organisation d’un complot. Mais certains maçons, en tant qu’individus libres ne peuvent pas être excusés d’avoir tenu des réunions hors des temples. En tout les cas, j’ai été amené rapidement à me méfier des maçons du Grand Orient (Lhuillier, Cadorel en particulier) qui semblaient s’intéresser au fait politique de notre pays et à son avenir après le Président Houphouët. Ils semblaient s’intéresser un peu trop à Mockey et à Aoulou. Mockey avait d’ailleurs nommé Lhuillier chef de l’Imprimerie de la C Ivoire. Lhuillier et Cadorel, très intrigants, ne cachaient pas leurs possibilités de relations avec certains milieux financiers
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