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Le collège Sainte-Marie —
Mon Dieu, un mécréant de mon espèce a abusé de tout le monde et même de toi.
Mon cher Président.
Après m’avoir rendu tant de services, je vous ai payé en monnaie de singe. Je n’ai pas compris plus tôt ce que vous me reprochiez. Je m’aperçois que vous êtes vraiment le plus intelligent d’entre nous tous. Et je crois comprendre réellement la profondeur de votre ressentiment. Vous m’avez envoyé en France pour m’améliorer et m’amender et je suis revenu plus que perverti.
Quand vous a parlé de complot, je n’avais pas compris. C’est le complot du jeune Africain, ambitieux, cupide comme disait Yacé que j’ai toujours détesté. Votre tâche entreprise depuis 1945 en faveur de l’Afrique a failli sauter par ma faute. Je ne sais pas s’il y a d’autres responsables — jeunes revenus de France qui ont pu approcher le sommet où j’ai été perché. Il me faudrait des jours et des jours pour tout vous expliquer. Ce que vous avez voulu, c’est d’assainir le pays que nous pourrissions et nous avons osé parlé de situations pourries à votre encontre.
Nous avons cru que le diplôme, la peau d’âne faisait l’homme et j’ai porté la vantardise à son extrême sommet.
La corruption, la malversation, l’intrigue et l’arrivisme ! Je suis de la pourriture, de l’ordure.
L’ambition qui m’a guidé est monstrueuse. Voulant toujours être à vos côtés et occuper une place de choix j’ai tout tenté.
Mais dès que le Président m’a reçu pour m’adresser d’aimables paroles sur l’importance qu’il accordait à ce poste, ma prétention fut satisfaite et me voilà reparti avec joie et gloriole. Mon Directeur de Cabinet, M. Bonnefoi connaissait parfaitement les problèmes de la Fonction publique et ma tâche était grandement facilitée.
Malheureusement, ma cupidité se réveilla. M. Spoliansky, de la SFADECO voulait récupérer les indus auprès des fonctionnaires, et c’est sous sa bannière de la moralisation de la Fonction publique que j’entrepris de l’y aider moyennant la ristourne de 10 % qu’il m’a proposée. Au service de la comptabilité, l’achat d’un ensemble de lit et armoire fut acheté par les deniers publics et mis dans l’appartement que j’ai acheté à crédit au profit de mon frère Anoma. C’est l’appartement I 98.
J’ai expédié également des lits à Grand Morié lors de l’installation de mon père dans sa nouvelle maison que
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