Transcription intégrale de la « Confession » d’Ernest Boka,
Strictement conforme à son manuscrit dont chaque page,
signée, est reproduite en vis-à-vis.
Yamoussoukro, le 4 avril 1964
Monsieur le Président,
Je vais essayer, dans la mesure de mes moyens, de reproduire ce que la mémoire me permettra de faire. Je tâcherais de vous dire toute la vérité, dans le but non de me justifier, mais de me dépeindre dans toute ma laideur et qu’à l’avenir personne d’autre en Côte d’Ivoire ne refasse les mêmes erreurs. Votre tâche est d’assainir le climat politique et moral de ce pays. Tâche ingrate mais de longue haleine. Mon cas est édifiant et monstrueux. Je ne mérite pas votre pardon. Vous m’avez déjà pardonné beaucoup de choses dont je parlerai par la suite. Mais j’implore votre pardon pour d’autres personnes qui le long de cette confession pourraient être citées.
Commençons par le chapitre du ministère de l’Éducation, 1957-1959.
J’ai été nommé ministre de l’Éducation grâce à une intervention entreprise par Alliali et Alcide Kacou qui ont demandé que ce poste revienne à un jeune. Je le leur avais demandé et leur voyage à Yamoussoukro devrait me donner satisfaction, car le Président, par l’intermédiaire de Ladji Sidibé, m’avait fait savoir que j’aurai un portefeuille ministériel, mais je ne savais pas celui qui m’était destiné. Satisfaction obtenue, durant mon séjour de près de deux ans, mes activités ont été nombreuses et j’avais essayé de faire ce que j’ai pu et je pouvais me vanter de porter à mon actif la création des cours complémentaires et le Centre d’études supérieures d’Abidjan. Mais mon passif est très lourd, il y eut des dépassements de budget par suite des prévisions mal faites.
Ce qui est plus grave c’est que les populations de Becedi, après Dabou, avaient cotisé pour construire une école. Le montant devait être de 600.000 F. Ils me versèrent d’abord 300.000 F que je gardai par devers moi et la construction de l’École a été réalisée sur le budget de l’État. Le reste de la somme (300.000 francs) me fut versé deux mois après. L’École est restée inachevée avec deux classes et un logement de maître.
M. Eyraud, professeur de cours complémentaire avait adressé une demande pour revenir en Côte d’Ivoire où il avait exercé notamment à Agboville et Korhogo. C’était un Communiste notoire ; il a été recruté par moi et chargé des
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