établir le contact avec les milieux intellectuels. Mais connu pour ses besoins financiers et sa capacité de les satisfaire, il jouissait d’un prestige douteux dans ces mêmes milieux.
Des divergences, qu’on pourrait qualifier d’idéologiques, venaient encore accentuer l’animosité réciproque des deux hommes. Elles amenaient l’un à accuser plus ou moins ouvertement l’autre de philo-communisme, tandis que le second s’ingéniait à mettre en relief la nocivité de son aîné, son rôle de repoussoir.
Des appréciations d’ordre tribal vinrent compliquer davantage les relations entre les deux chefs de file du F.L.N.G. L’un se montrait partisan d’un certain équilibre ethnique au sein du comité de coordination du Front, le second expliquait sa réticence maladive envers son compagnon, sur le fait que « les Peulhs, c’est une race à laquelle on ne peut pas faire confiance ».
La grande différence d’âge entre les deux leaders guinéens ne créait pas seulement un fossé sur le plan des mentalités. En bon Africain, le plus âgé ne pouvait tout simplement pas admettre la présence d’un « gosse » qui l’appelait, de plus, « papa », à un niveau similaire au sien. Il faudra à certaines occasions de très longues discussions pour l’amener à accepter que le « gosse » contresigne un document du F.L.N.G. Il va de soi, le jeune vétérinaire, lui, désirait toujours être le seul signataire.
Cette attitude se trouvait être également la conséquence de la recherche par tous les leaders - et pas seulement par ces deux dirigeants - de positions de force. Car, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, les leaders de Paris, d’Abidjan et de Dakar croyaient, en dépit d’une désillusion passagère, les jeux faits, et cherchaient à bien se placer, en prévision de la toute prochaine prise du pouvoir. Ils en étaient à étudier « l’action gouvernementale en Guinée après le régime de Sékou Touré ».
Enfin, ultime facteur de divergences et non des moindres, les problèmes d’argent. C’était à qui exercerait le plus de pression pour obtenir le maximum de fonds, n’hésitant pas à recourir aux menaces. De plus, les leaders parisiens du F.L.N.G. suscitaient bien entendu la jalousie de ceux d’Abidjan et de Dakar, anxieux de profiter de la manne, donc d’organiser des réunions, de préférence à Paris, où se trouvaient et la caisse et des amis compréhensifs soucieux de préserver la plus belle des traditions africaines qui veut qu’on ne laisse pas repartir le visiteur les mains vides.
Avec de tels éléments, il s’avérait difficile d’envisager une quelconque action