l’hostilité entre Abidjan et Conakry, pour améliorer les relations sénégalo-guinéennes.
Pour ma part, je sais à quoi m’en tenir. De retour à Dakar où il avait assisté aux manifestations du Festival des arts nègres, M. André Blanchet, journaliste à la télévision française, m’avait rapporté en effet une conversation avec le présidentt Senghor, dont la transcription donne :
M. Senghor :
« Je ne suis pas du tout chaud pour cette histoire du Front guinéen, et je vais l’interdire.. ».
M. Blanchet :
« Le chef d’État ivoirien aussi l’a fait. »
M. Senghor :
« La différence entre moi et Houphouët, c’est que moi je ferai ce que je dis. »
Le 28 avril, le président Houphouët-Boigny, une fois encore, tire, avec son réalisme coutumier, la leçon des événements et officialise, devant le Conseil national réuni à Abidjan - en se référant à son tour, à la charte de l’O.U.A. - l’interdiction de toute réunion politique des Guinéens sur le sol ivoirien. Il n’abandonne pas pour autant l’idée du développement de l’action contre le régime du président Sékou Touré.
Le 19 avril 1966, au cours d’une nouvelle réunion, le président Houphouët, toujours malade, me demande d’entreprendre une action tendant à amener le gouvernement des États-Unis à retirer son soutien financier au gouvernement guinéen. Mais il fait preuve d’une grande réticence.
Il n’y croit pas beaucoup. Pour lui, la Guinée est un pion trop important pour les États-Unis dans leur différend avec la France, et Washington n’acceptera pas de s’en dessaisir. De plus, par formation - ou par déformation gaulliste - il n’a aucune confiance dans les « Anglo-Saxons » : « Les Américains n’ont rien fait pour nous aider au Ghana », me dit-il, pensif.
De nombreux arguments militent en faveur d’un effort en direction des États-Unis :
a) Dans le système de la démocratie américaine, l’exécutif qui soutient le gouvernement guinéen est relativement désarmé devant un Congrès jaloux de ses prérogatives législatives et surtout financières ;
b) l’exécutif américain est plus sensible qu’ailleurs à la pression de l’opinion publique : une campagne de presse peut donc déboucher sur des résultats importants ;
c) la Côte d’Ivoire dispose d’un atout précieux dans le contexte américain, à savoir le
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