s’approfondissant, entraveront de plus en plus le développement de l’action sur tous les plans.
Mais le chef d’État ivoirien se rend très vite compte qu’en s’attaquant directement au régime guinéen et en cherchant à l’abattre, il s’isole en Afrique. En effet, le quotidien Fraternité-Matin avait annoncé le 4 avril la création de sections du F.L.N.G. « au Liberia, en Sierra Leone, au Sénégal, en Haute-Volta, au Niger et en France ». Mais ni la presse nigérienne, ni celle de Ouagadougou ne confirmeront ni ne diffuseront cette information. Le Temps du Niger du 5 avril 1966, en annonçant la création d’une section du F.L.N.G. à Abidjan, avait déjà omis de reproduire la partie du texte faisant état de l’existence d’une section similaire au Niger. Cet indice d’isolement se trouvera confirmé lors de la réunion à Abidjan, à partir du 6 avril, du Conseil de l’Entente.
Le général Christophe Soglo, chef de l’État dahoméen, arrive le 1er avril et s’abstient de toute déclaration. Le 5, en débarquant à Abidjan, le président Hamani Diori du Niger réaffirme, certes, sa solidarité avec la Côte d’Ivoire, mais ne va pas plus loin. Le lieutenant-colonel Sangoulé Lamizana, qui a pris tout récemment la relève à Ouagadougou, se montre encore plus réticent. M. Apedo Amah, ministre des Affaires étrangères du Togo - pays qui ne fait pas partie du Conseil de l’Entente - s’abstient lui aussi de toute prise de position sur le différend ivoiro-guinéen.
L’isolement du président Houphouët-Boigny, au sein même du Conseil de l’Entente, se trouve confirmé. Il va falloir rentrer dans l’ombre et continuer la lutte contre le régime guinéen sans se compromettre. Au demeurant, à Paris également, on fait preuve d’une réticence certaine à propos de la tactique adoptée.
Dès le vendredi 8 avril, le leader ivoirien refuse d’autoriser un nouveau meeting des Guinéens de Côte d’Ivoire. Le 13, dans une interview à M. Philippe Decraene, envoyé spécial du quotidien Le Monde, il nie froidement toute tentative d’immixtion dans les affaires intérieures de Guinée.« Comme le président Senghor, dit-il, je refuse de laisser utiliser le territoire national pour porter la subversion à l’extérieur. Je ne veux pas encourir à mon tour l’accusation de favoriser les entreprises des réfugiés guinéens contre leur pays. Mon gouvernement refuse de s’associer à de tels desseins... »
Fait caractéristique, l’article du Monde ne sera pas repris, même sous forme condensée, par la presse et la radio ivoiriennes.
A partir du 15 avril, Fraternité-Matin continuera certes à