administratif, militaire, économique, etc.
Mais ces manifestations spectaculaires de solidarité ne peuvent exorciser les démons de la mésentente.
Le président Yaméogo « est un personnage incommode au caractère inflammable, aux réactions violentes et imprévisibles. Il supporte probablement avec moins de compréhension qu’Hamani Diori et Hubert Maga la prépondérance ivoirienne en Afrique Occidentale... » [9]. Il se montre extrêmement susceptible sur les problèmes de préséance, en dépit des efforts ostensibles du président Houphouët-Boigny pour ménager l’amour-propre de ses collègues. Le président ivoirien affirme par exemple, publiquement, vouloir réserver son opinion pour pouvoir consulter ses partenaires ; il pense aussi les satisfaire - en rehaussant du même coup son propre prestige - en les associant à toutes les manifestations ayant lieu en Côte d’Ivoire comme, par exemple, la réception du président Tsiranana en novembre 1960, à Abidjan. Toutefois, l’opinion publique ne s’y trompe guère, et considère le président Houphouët-Boigny comme le dirigeant effectif du Conseil de l’Entente. Ainsi, la presse emploie trop souvent l’expression « le président de la République de Côte d’Ivoire et ses trois partenaires ». Autre exemple, en janvier-février 1961, c’est M. Houphouët-Boigny qui est reçu, trois fois de suite - en trois semaines - par le général de Gaulle, et mène les négociations au nom du Conseil de l’Entente ; or, à ce moment, M. Maurice Yaméogo est président en exercice de l’organisme quadriparti.
Sur le plan politique, une opposition intérieure, particulièrement frondeuse, incite le président voltaïque à réagir à ces « empiétements » et aussi à la mauvaise volonté évidente de l’administration ivoirienne en ce qui concerne une juste répartition des droits de douane perçus au port d’Abidjan.
Le premier affrontement sérieux entre les deux hommes aura lieu à l’occasion des discussions entre la France et les Quatre, sur les accords de coopération en matière de défense. Déjà, en juillet 1960, M. Maurice Yaméogo avait manifesté sa mauvaise humeur envers Paris et avait demandé, publiquement, le rappel de son représentant à Ouagadougou, M. Paul Masson. Celui-ci avait, semble-t-il, transmis à Paris, une lettre d’opposants frappés par une mesure d’internement administratif. L’Agence guinéenne de presse accourt alors à la rescousse du président Yaméogo et explique ce « complot » comme une tentative de