peur de froisser M. Philibert Tsiranana. Il a besoin, d’autre part, de l’appui ou du moins de la sympathie du maximum d’États au moment où sa lutte contre le régime guinéen - après la chute du Dr Kwame N’Krumah - atteint son paroxysme.
Mais le plus grand bénéficiaire de cette conférence constitutive de l’O.C.A.M. sera sans conteste le chef d’État nigérien, nommé à Tananarive président en execice de l’Organisation. Chargé officiellement, de par le communiqué, de mener le combat contre la détérioration des termes de l’échange dans le cadre du Marché commun, et pour la réalisation de la « francophonie », il fera preuve d’un dynamisme remarquable : il harcèlera les dirigeants de la Communauté économique européenne d’une
part, et apportera une contribution décisive à la création de l’« Agence de coopération culturelle et technique » de la francophonie. Ce faisant, il gagnera un prestige énorme aussi bien à Bruxelles qu’à Ottawa, et son pays en retirera le plus grand profit, notamment au Canada.
Pour en revenir à l’O.C.A.M. elle-même, si le « sommet » de Tananarive a présidé à sa naissance, il marque aussi, paradoxalement, son entrée dans la phase de la vie végétative. Au fil des conférences, l’intérêt de l’O.C.A.M. ira en s’effilochant. Au début de 1968, à la veille de la Conférence de Niamey, l’Organisation se présente réellement comme un club « dont la formule assez vague a fait l’unanimité parce que ses adhérents ne se sont guère engagés, sinon à se réunir de temps à autre pour débattre ensemble, en français, de leurs problèmes communs ».
Le président Houphouët-Boigny utilisera toutefois ces occasions de rencontres avec ses pairs pour exposer ses vues - sur la Guinée ou le Biafra - et essayer de les faire prévaloir. Il multipliera les apartés, les discussions en très petits groupes, les tête-à-tête.
Publiquement, l’O.C.A.M. ne s’en est pas moins transformée en une organisation apolitique. Il suffit pour cela de consulter le projet d’ordre du jour de la conférence de Niamey. On y relève :

  • dix questions politiques et juridiques dont le niveau ne dépasse guère celui de l’harmonisation des privilèges, immunités et autres avantages dans les pays membres de l’O.C.A.M. ;
  • deux questions administratives et budgétaires ;
  • dix-huit questions culturelles et sociales ;
  • vingt-deux questions économiques et des transports.

Sur les 56 résolutions adoptées - toutes à l’unanimité - aucune n’a un caractère vraiment, ou plutôt directement,

Creative Commons License Fonds d’archives Baulin (http://www.fonds-baulin.org), développé par Résurgences, est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons : Paternité-Pas d’Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.
Plan du site
Site propulsé par l'Atelier du code et du data, chantier d'insertion numérique