civil au pouvoir depuis l’indépendance. Vieux militant du R.D.A., et partisan enthousiaste du Fonds d’entraide, il est vite déçu par les résultats de la coopération économique. Il n’aura presque pas recours au Fonds de garantie. Par ailleurs, la Côte d’Ivoire n’encourage en aucune façon l’importation de viandes du Niger, lui préférant celles venues d’Amérique latine. Le président Hamani Diori souhaite également qu’une société nigérienne de commercialisation, contrôlée par l’État, reçoive la permission de s’installer à Abidjan et d’exporter du café et du cacao, comme les autres maisons de commerce. Aucune suite ne sera donnée à cette suggestion.
Au plan politique, la désinvolture manifestée par le président Houphouët-Boigny en 1968, au moment de la reconnaissance du Biafra par la Côte d’Ivoire, avait porté un coup des plus sévères aux relations entre Niamey et Abidjan. Le chef de l’État ivoirien ne pouvait en effet ignorer à quel point sa décision mettait le président nigérien dans l’embarras.
L’effritement de l’O.C.A.M. créée en principe à Nouakchott en février 1965, suivra une courbe parallèle. Prévue pour le 15 janvier 1966, la conférence constitutive de l’organisation se trouve reportée à la suite de la chute de M. Maurice Yaméogo, suivie du coup d’État militaire au Nigeria, et couronnée par l’élimination de l’Osagyefo de la scène politique ghanéenne. Quand elle se réunit finalement à Tananarive fin juin, elle n’est plus que le fantôme du géant échafaudé par le président Houphouët-Boigny dans la capitale mauritanienne.
On y parle très peu de problèmes politiques. Pour y maintenir le plus grand nombre d’États francophones, et la faire accepter comme « une organisation régionale dans le cadre de l’O.U.A. », sans trop heurter la géographie et le bon sens, l’O.C.A.M. se dépolitise. On ne trouve dans sa charte rien de similaire à l’article 2 de celle de l’U.A.M. qui se fixait comme but d’organiser, dans tous les domaines de la politique extérieure, la coopération entre ses membres... Selon l’article 13 de la nouvelle organisation, le seul à caractère politique, « l’Organisation s’efforce de faciliter entre ses membres des consultations en matière de politique étrangère ». C’est bien maigre et bien loin de l’objectif ambitieux initial du leader ivoirien.
Le président Houphouët-Boigny, certain de la victoire des partisans d’une organisation d’États francophones de type apolitique, aurait volontiers boycotté la conférence de Tananarive. Deux considérations l’en empêcheront. D’abord, il ne peut se le permettre, de