sont donc présents à la réunion d’Abidjan ; par contre, ceux de Mauritanie, de Centrafrique, du Congo-Brazzaville, du Ruanda et du Cameroun, boycottent la conférence tandis que le Dahomey est représenté par son ministre des Affaires étrangères. La réunion est anti-statutaire. On passe outre. Elle commence à dix heures. Cent cinquante minutes plus tard, M. Léon M’Ba annonce à la presse la décision de principe d’admettre le Congo-Léopoldville à l’O.C.A.M. Encore quelques heures, et M. Moïse Tshombé débarque à Abidjan.
Mais les résultats de la réunion d’Abidjan ne se limitent pas à cette admission spectaculaire. Le communiqué final mentionne en effet à nouveau la décision de l’O.C.A.M. « de ne pas participer au sommet d’Accra ». Dans son discours d’accueil, le président Houphouët-Boigny avait également attaqué M. Sékou Touré...
Une question se pose : la conférence d’Abidjan constitue-t-elle un grand succès pour le président ivoirien ? Sans conteste. Du moins à court terme, voire à très court terme. On se trouve en effet devant une nouvelle illustration du concept ivoirien d’organisation-instrument sur lequel nous avons déjà insisté. Une fois de plus, M. Houphouët-Boigny n’a pas craint d’utiliser à fond cette organisation comme instrument au service de sa politique africaine. Pour pouvoir s’en servir contre le Ghana et la Guinée d’une part, et la mettre à la disposition de la politique de Paris au Congo ex-belge de l’autre, il a accepté le risque de briser l’O.C.A.M., en imposant sa volonté aux États-membres.
Dans les jours qui suivent, pour donner plus d’envergure au Premier ministre du nouvel État-membre, le président Houphouët-Boigny l’invite au mariage de son fils, à Paris. Puis il le fait recevoir à déjeuner par le général de Gaulle qui avait invité les chefs d’État du Gabon, du Togo, de la Haute-Volta, du Niger, de la République Centrafricaine et de la Côte d’Ivoire, réunis eux aussi à Paris, pour assister à la même cérémonie. Mieux encore, le quotidien officieux abidjanais met en relief le toast du général de Gaulle :
« Je lève mon verre, MM. les Présidents, avait-t-il dit, à tous les États que vous représentez, sans oublier le Congo-Léopoldville qui est représenté ici par son Premier ministre, M. Moïse Tshombé, à travers qui je salue le président Kasavubu. »
En fait, l’O.C.A.M. se brisera avant même sa naissance officielle. En dépit de la toute récente chute du régime de M. Ben Bella, donc de la confirmation, à première vue, du reflux du radicalisme sur le continent africain, le président Ould Daddah prend, le 24