manœuvre à la perfection ou du moins il le croit. Il se sait courtisé. Il cherche évidemment à en profiter pour faire barrage aux projets de M. Houphouët-Boigny, et surtout à deux d’entre eux : la reconstitution de l’U.A.M. à laquelle il reste violemment hostile, et la tentative de discréditer M. Kwame N’Krumah, dirigeant de l’un des très rares régimes « progressistes » d’Afrique. Il jouera la carte sénégalaise.
Pour infliger un affront à M. Houphouët-Boigny, quand ce dernier préconise une nouvelle rencontre des anciens du R.D.A. pour contrebalancer la visite de M. Senghor en Guinée, le chef d’État guinéen donne son accord, permet ainsi à la presse ivoirienne de pavoiser [27], puis refuse d’y participer.
Entre-temps, il convient de le rappeler ici, le Niger avait été le théâtre d’événements particulièrement graves au début d’octobre 1964 [28]. Cette action éminemment aventureuse venait confirmer la nocivité du régime ghanéen et la necessité d’une cohésion plus grande du Conseil de l’Entente ou du moins du Niger, de la Haute-Volta et de la Côte d’Ivoire.
Cette erreur majeure - et criminelle - du gouvernement d’Accra aura pour conséquences de pousser MM. Yaméogo et Diori à abandonner définitivement leur soutien à l’U.A.M.C.E. et de rétablir l’ascendant du leader ivoirien sur ses deux collègues. M. Houphouët-Boigny exploitera à fond l’erreur de son adversaire principal du moment.
Le 14 décembre, le président Houphouët-Boigny est à Ouagadougou pour y assister à la fête nationale et visiter le pays. Conscient des énormes besoins en flatteries de son hôte, il ne tarit pas d’éloges sur son compte et veut « rendre un hommage solennel à l’action intelligente et courageuse de mon frère et ami, Maurice Yaméogo... Grâce à son travail magnifique, ajoute-t-il, à la discipline qu’il a su inspirer, Maurice Yaméogo, mon frère, a su mériter notre admiration et notre fierté. Je puis dire aujourd’hui que la Côte d’Ivoire le considère comme son président ».
Ainsi conditionné, le président voltaïque lance, le 25 janvier 1965 - quelques jours après « l’affront » guinéen au président Houphouët-Boigny - la première de ses attaques à la fois contre MM. Kwame N’Krumah et Sékou Touré. « Certains de nos voisins indépendants qui se croient des caïds, déclare-t-il,