politique ivoirienne est omniprésent dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. Le président Houphouët-Boigny se désintéresse de la vie du Conseil de l’Entente, puis se désintéressera de l’U.A.M., de l’U.A.M.C.E., de l’O.C.A.M. et de l’O.U.A. quand il ne peut ou ne pourra plus les utiliser. Il n’hésitera jamais à les boycotter quand leur ligne politique divergera de la sienne, quand ces organisations cesseront d’être utiles à la politique ivoirienne.
Cette même optique d’organisations-instruments explique aussi le refus obstiné du président Houphouët-Boigny d’accepter la dissolution officielle d’un organisme francophone quand un autre, plus vaste, a été mis en place. Car pour lui, chacun de ces organismes a un rôle spécifique à jouer dans une phase historique donnée : le Conseil de l’Entente sera à un certain moment le fer de lance ivoirien au sein des Douze et ceux-ci le fer de lance de l’Afrique francophone au sein de l’O.U.A. demain.
Par ailleurs, sur le plan subjectif, le chef de l’État ivoirien a horreur des juristes. Pour lui, un texte ne peut être opposable à la réalité. Celle-ci prime toujours celui-là. Quand il y a contradiction entre l’une et l’autre, entre le papier - pour ne pas dire le « chiffon de papier » - et l’intérêt, le président Houphouët-Boigny contourne, surmonte, ou balaie l’obstacle juridique.
Au fond et au-delà de considérations d’ordres objectif ou subjectif, l’hostilité fondamentale de M. Houphouët-Boigny à toute organisation structurée, à tout texte, trouve sa source dans sa volonté de préserver sa liberté de mouvements. Puisque le monde moderne considère la violation des chartes, conventions et autres traités comme des crimes, mieux vaut, au départ, en signer le moins possible, pour ne pas être accusé plus tard de les violer.
Dans l’immédiat, s’il ne fait pas preuve d’une chaleur particulière pour la nouvelle organisation afro-malgache, par contre il ne cache pas son enthousiasme pour le projet de création d’une organisation afro-malgache de défense commune. Comment expliquer cette contradiction flagrante ? En fait, les apparences seules sont contradictoires : le président ivoirien ne surestime pas plus la future Union africaine et malgache de défense (U.A.M.D.) que l’U.A.M. tout court. Mais simplement, il pense pouvoir, à travers cette U.A.M.D. en gestation, résoudre entre autres, un problème qui le tracasse à ce moment.
En effet, M. Maurice Yaméogo, on le sait, refuse obstinément de signer avec la France l’accord de défense commune auquel se sont ralliés ses trois partenaires du Conseil de l’Entente. Il croit donc pouvoir