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La hantise de l'unité nigériane - Ouvrages - La politique africaine d'Houphouët-Boigny - Fonds d'archives Baulin

/>« Si le président Houphouët, après Nyéréré, reconnaît le Biafra, on risque d’avoir une nouvelle division de l’Afrique, cette fois entre musulmans et chrétiens. »
Le leader nigérien part pour Niamey. Accompagné de M. Maï Maïgana, je retourne à mon bureau. Il est 22 heures. J’appelle le président Houphouët-Boigny à Genève. On me répond qu’il n’est pas là. Je téléphone à M. Appagny, ambassadeur de Côte d’Ivoire à Paris. Le président, me répond-il, est parti pour Gstaad sans indiquer son adresse ni son numéro de téléphone.
Le lendemain matin, à 7 heures, je suis à l’aéroport du Bourget pour y rencontrer M. Usher Assouan, ministre des Affaires étrangères. Il arrive d’Abidjan, convoqué par le président Houphouët-Boigny. Je lui fais part de la déclaration de la veille au soir du président nigérien et des implications religieuses mises en relief par M. Maï Maïgana. M. Usher Assouan, lui aussi, semble ignorer le dessein du chef de l’État ivoirien. Il ne croit pas, me dit-il, que le président Houphouët-Boigny ira jusqu’à la reconnaissance, car « ce serait trop dangereux » pour tous les pays africains.
Deux jours plus tard, le ministre ivoirien rentrera à Abidjan sans avoir rencontré le président Houphouët. Et le 2 mai, il sera amené à changer d’attitude et à prendre publiquement position, dans le quotidien abidjanais, en faveur du Biafra.
Rentré de Suisse à Paris le 3 mai, le président Houphouët-Boigny me reçoit le lendemain à sa villa de Marnes-la-Coquette. Sachant que le ministre n’a pu voir le Président, je veux l’informer des réserves de M. Hamani Diori, mettre en relief l’isolement de la Côte d’Ivoire et tenter de freiner le processus de reconnaissance du Biafra.
M. Houphouët-Boigny est pressé. Il me dit : "Je dois recevoir Foccart à 11 heures à Georges Mandel", son appartement de Paris.
A peine ai-je commencé à exposer mon opinion et pour la première fois depuis ma nomination auprès de lui comme conseiller, je suis ahuri de le voir exploser de colère. Il ne veut rien entendre. Non, on ne lui fera pas changer d’avis. Il en a assez des critiques. Personne ne comprend la situation. Il sait ce qu’il fait. Il n’a pas besoin de censeurs. Il y a des choses plus importantes que le Conseil de l’Entente. L’O.U.A. est impuissante.
Je n’arrive pas à placer un mot. Le Président ne décolère pas en mettant son pardessus. Il continue de crier en descendant au sous-sol pour monter en voiture. Il rouvre même la portière pour lancer d’autres arguments.
Je me vois contraint de rédiger une note. Je la

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