communiqué, publié à l’issue de la première réunion des quatre chefs d’État, stipule bien le rejet, par eux, « de toute superstructure politique et administrative, source de dépenses inutiles et de discorde ».
Le Dr N’Krumah harcèle aussi le leader ivoirien sur un point particulièrement sensible, celui de la “balkanisation”. Il ne rate aucune occasion pour la condamner comme un signalé service rendu à l’ex-colonisateur. Il expose cette thèse, notamment, dans un discours prononcé début janvier 1960, devant M. Macmillan, Premier ministre de Grande-Bretagne, alors en visite à Accra. Selon lui, les puissances coloniales ont compris qu’elles ne pouvaient plus maintenir l’Afrique sous leur domination politique, d’où leur nouvelle tactique qui consiste à « créer en Afrique, plusieurs États indépendants si faibles et si instables dans l’organisation de leur économie et de leur administration nationale, qu’ils seront contraints, par des pressions internes aussi bien qu’extérieures, de continuer à dépendre des puissances coloniales qui les ont gouvernés pendant plusieurs années ».
Néanmoins, l’antagonisme entre les deux Premiers ministres ivoirien et ghanéen n’aurait probablement pas pris, du moins à notre avis, la tournure de “combat au finish” qu’il devait revêtir bientôt, si les divergences entre eux s’étaient limitées au seul terrain des concepts d’organisation du continent africain. En fait, le Dr N’Krumah, partant de prémisses panafricanistes et considérant le Ghana comme le noyau, voire le moteur, des États-Unis d’Afrique, en arrivait, tout naturellement, à avoir des visées annexionnistes.
Dès le début de 1959, le Dr N’Krumah étend, de toute évidence, sa volonté de harcèlement au territoire ivoirien. Ainsi, il accorde un soutien, de moins en moins discret, aux partisans de la résurrection du royaume de Sanwi par la sécession d’une portion du territoire ivoirien limitrophe de la frontière ghanéenne. Cette région constitue précisément le talon d’Achille de la Côte d’Ivoire.
Tout d’abord, la pénétration coloniale ayant commencé par là, le Sanwi constitue - comme l’Iboland au Nigeria - une pépinière d’intellectuels. Ensuite, le mouvement autonomiste y paraît structuré. Enfin, le roi Amon Ndouffo III, chef de la communauté sanwie, s’appuie sur un traité de protectorat passé, le 4 juillet 1843, avec un lieutenant de vaisseau français du nom de Fleuriot de Langle, pour réclamer son indépendance.
Au demeurant, les nombreux soubresauts, dont cette partie du territoire ivoirien est le théâtre, dénotent l’existence d’un malaise
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