nécessité de renforcer le nouveau régime qui a éliminé précisément cet ennemi, en dépit de la présence d’un adversaire commun, la Guinée, la “coopération” ghanéo-ivoirienne ne dépassera guère le stade des gestes d’amitié, des projets, des commissions et des communiqués communs. La profonde hostilité du président Houphouët-Boigny aux “anglo-saxons” s’ajoutera à son “nationalisme” strictement ivoirien, pour stériliser toute action commune. La preuve, ainsi administrée, portera bientôt témoignage du caractère gépolitique fondamental du différend ivoiro-ghanéen, dépassant et le régime et la personne du Dr Kwame N’Krumah.
Cette attitude de réserve extrême de la politique ivoirienne sera maintenue, en dépit de la multiplication des initiatives des nouveaux dirigeants ghanéens soucieux de manifester leur désir sincère de coopération. Ainsi, le nouveau régime essaie d’abord de liquider le contentieux qui oppose le Ghana à ses voisins. Le 17 mars, une délégation ghanéenne arrive à Abidjan et comme gage de bonne volonté remet au gouvernement ivoirien les éléments subversifs. Les réfugiés sont livrés au gouvernement ivoirien devant les centaines de cadres du P.D.C.I. et de l’État. Après leur confession publique, le président Houphouët-Boigny, toujours friand de gestes spectaculaires, leur annonce leur remise en liberté et ajoute :
« Même égarés, revenez à la maison, vous êtes des frères. »
Par ailleurs, une délégation ghanéenne, conduite par le général Ocran, arrive à Abidjan le 23 mars, pour examiner « sur le plan militaire la situation résultant des menaces de M.Sékou Touré », et pour prendre des « mesures de sécurité communes ». Le 15 juin, le colonel Paul Thomas d’Aquin Ouattara, chef d’état-major de l’armée ivoirienne, ira, à son tour, en visite officicelle au Ghana.
Sur le plan de la coopération économique, les réticences ivoiriennes sont des plus nettes. Certes, le 7 avril, réuni à Abidjan, le Conseil de l’Entente décide officiellement de renforcer sa coopération avec le nouveau régime du Ghana. Cette résolution ne se matérialisera guère. Même dans le domaine des frontières, fermées par le président N’Krumah pour essayer de freiner l’afflux de produits de contrebande de Côte d’Ivoire et du Togo, il faudra plusieurs semaines de négociations laborieuses. En effet le nouveau régime ghanéen hésite à rouvrir ses frontières avant d’avoir retrouvé son équilibre. Finalement, comme nouveau gage de bonne volonté, la frontière ghanéo-ivoirienne sera rouverte le 14 mai 1966, et celle avec la Haute-Volta le 4 juin.
On parle même au Ghana d’adhésion au Conseil de