1965, et envoyée de Paris par M. Gbédémah, ex-ministre des Finances du Dr N’Krumah, est traduite puis diffusée avec l’aide des services d’information de la Côte d’Ivoire. De même sont diffusées la traduction du texte d’une lettre du 20 février 1965 des prisonniers politiques ghanéens au premier ministre anglais et celle de la conférence de presse, du 7 mai 1965, du Dr Busia, à Lagos.
Donc, dans l’ensemble, l’atmosphère générale paraît bonne pour développer l’action contre le Ghana.
Le premier indice de la tactique qui sera adoptée dans la lutte contre le Dr N’Krumah est fourni par M. Boubou Hama, président de l’Assemblée nationale nigérienne. « …Si les choses continuent ainsi, déclare-t-il, notre Assemblée sera obligée de demander au président Diori Hamani de s’abstenir de se rendre à la conférence interafricaine d’Accra, en septembre prochain... »
Un boycottage porterait un coup grave au prestige du Ghana. En effet, la conférence constitutive de l’O.U.A. avait eu pour cadre la capitale du “plus vieil empire du monde”. L’année suivante, la conférence au sommet s’était réunie au Caire, capitale du premier État africain libéré du joug du colonialisme. En conséquence, le Ghana, premier État d’Afrique noire ayant accédé à l’indépendance, avait été choisi pour accueillir en 1965 les chefs d’État africains. Telle avait été la décision prise au Caire.
Mais de nombreux chefs d’État, même proches de la Côte d’Ivoire, ne se montrent pas très enthousiastes pour le boycottage de la conférence d’Accra. Le président Maurice Yaméogo lui-même hésite avant de rallier à fond la cause ivoirienne.
Le leader ghanéen, se basant sur ce flottement du chef d’État voltaïque, pense sans doute avoir trouvé le chaînon le plus faible du Conseil de l’Entente. Le 24 mars 1965, une délégation, conduite par M. Kojo Botsio, ministre ghanéen des Affaires étrangères, arrive à Ouagadougou, porteur d’un message du Dr N’Krumah. M. Yaméogo reste solidaire de son collègue ivoirien.
Comme à l’accoutumée, dans cette phase initiale, le président Houphouët-Boigny ne descend pas lui-même dans l’arène. La tradition de la corrida l’exige, le matador se réserve pour l’estocade, le travail préliminaire étant réservé aux picadors.
Le président Diori, ayant le plus à souffrir des méfaits des commandos entraînés au Ghana, se trouve bien entendu, en flèche. Sa position est on ne peut plus tranchée : « Nous ne nous rendrons pas à Accra, dit-il, si le président N’Krumah ne se
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