jours après la fin de la conférence de Brazzaville, les chefs d’État du Ghana, du Mali et de la Guinée se rencontrent à Conakry et projettent la création d’une union entre leurs trois pays. Dans le communiqué commun publié à l’issue de leurs travaux, les trois chefs d’État marquent leur hostilité à l’endroit du concept même ayant servi de ciment au groupe francophone de Brazzaville, et regrettent l’absence d’« une conception plus saine et plus élevée de l’unité africaine » chez certains de leurs collègues.
Donc, en décembre 1960, le groupe dit « révolutionnaire » réaffirme on ne peut plus clairement, en créant l’Union Ghana-Guinée-Mali, sa foi dans l’avenir unitaire de l’Afrique.
Mais la création dans les tout premiers jours de janvier 1961, du groupe de Casablanca, en compagnie de deux États arabes africains, constitue sans conteste une erreur tactique des hérauts de la révolution africaine. Ils faciliteront en effet, d’autant, la constitution d’un organisme concurrent, forcément plus puissant, les États modérés étant de loin plus nombreux en Afrique.
Effectivement, les choses iront très vite. Le 3 janvier 1961, dans son discours de politique générale, devant l’Assemblée nationale, le président Houphouët-Boigny déclare :
« Chargé par la dernière Conférence de Brazzaville de lancer un appel à tous les États indépendants d’Afrique, nous réitérons de cette tribune, en attendant de le faire par la voie diplomatique normale, notre désir au cours de l’année 1961, d’une rencontre en vue d’examiner en toute franchise et en toute fraternité, les problèmes qui conditionnent le devenir de l’Afrique. »
Le 14 mars, recevant cinq journalistes américains, il leur annonce l’accord des chefs d’États du Liberia, du Mali, du Cameroun et du Nigeria, pour lancer une invitation commune à tous les États indépendants d’Afrique, en vue d’une réunion à Monrovia, le 8 avril suivant. Mais il divulgue cette information, après avoir précisé son point de vue :
« ... L’unité, dit-il, si séduisante soit-elle, n’a jamais été réalisée au niveau d’aucun continent de la Terre... La meilleure formule, à mon avis, devrait être une formule souple... à partir de la personnalité affirmée de chaque État... Néanmoins, nous avons demandé à tous les pays africains indépendants que soit organisée une rencontre commune pour la confrontation générale de nos points de vue... »
Les États du groupe de Casablanca, champions de l’unité africaine, se trouvent ainsi acculés : s’ils acceptent