plus en plus difficile d’élucider certains problèmes, ou même simplement de préserver le secret des délibérations, si propice aux manœuvres de coulisses. Les adversaires du président ivoirien utiliseront encore l’O.U.A. comme un forum, l’obligeant à prendre position sur les problèmes les plus brûlants, à « se démasquer ». Pire, ses propres amis l’abandonneront souvent au moment de la discussion de certains problèmes. Il ne pourra utiliser l’Organisation comme instrument, en dépit de la présence, en son sein, d’une majorité conservatrice.
L’existence même de l’Organisation de l’unité africaine rendra progressivement plus difficile, plus aléatoire, plus dangereuse, l’action du président Houphouët-Boigny sur la scène africaine.
Dans ce contexte, de par sa seule survie, l’O.U.A. jouera un rôle considérable dans la perte rapide de prestige de M. Houphouët-Boigny comme leader africain de premier plan.
La première banderille est plantée par M. Wachuku - ministre des Affaires étrangères du Nigeria et jusque-là allié et ami - moins de dix semaines après la fin de la conférence d’Addis-Abeba. Réuni avec ses trente collègues à Dakar, il qualifie l’U.A.M. - publiquement et avant même l’établissement de l’ordre du jour de la conférence - d’« entreprise de sabotage de l’unité africaine », d’« élément négatif sur la voie de l’unité africaine ». Certes, il s’agit là de la reprise d’une demande formulée à Addis-Abeba même, par le président Sékou Touré. Mais le contexte est différent.
L’attaque nigériane donne à réfléchir. Même si le leader ivoirien tient bon face à l’O.U.A., et s’obstine à refuser de dissoudre l’organisation politique des États africains francophones, son succès constituera une victoire à la Pyrrhus : ses partenaires anglophones et surtout francophones se sentiront profondément humiliés.
Le maintien de l’organisation des États d’expression française ne sera pas d’ailleurs l’unique point de divergence entre l’État ivoirien et l’Organisation de l’unité africaine. Au contraire, sur la plupart des différends auxquels s’intéressera l’O.U. A., la Côte d’Ivoire adoptera des positions originales hétérodoxes, de plus en plus minoritaires. En gros, l’isolement de la Côte d’Ivoire ira en s’accentuant, du drame congolais au « dialogue » avec l’Afrique du Sud.
Il est inutile de
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