Adoptons, avant de nous séparer, à l’unanimité et par acclamation, le projet de charte... Alors seulement se lèvera l’aube de cette unité totale à laquelle nous aspirons de tout notre être... »
Le 25 mai 1963, l’écrasement de la thèse de l’unité continentale se trouve confirmée : la charte de l’O.U.A. [10], de type confédéral flou, est adoptée par un aréopage de chefs d’État enthousiastes. Ce fait, ainsi que le rôle de tout premier plan du chef de l’État ivoirien, sont mis en relief par M. Jean Lacouture :
« On donnera une image de la conférence, écrit-il, en ressuscitant le parallèle traditionnel entre MM. N’Krumah et Houphouët-Boigny... Le premier, l’homme du “politique d’abord”, prétendant forcer le cours de l’unification, se trouva isolé et fait figure d’outsider prestigieux mais sans prise sur les événements, alors que le second, l’homme de la coopération avec l’Europe, joua un rôle-clé en orientant discrètement les hésitants vers l’adoption de la charte. Si M. N’Krumah fut applaudi, M. Houphouët-Boigny fut écouté... » [11].
Le président Houphouët-Boigny avait donc atteint tous ses objectifs.
Mais l’histoire en apporte de multiples preuves, une organisation obéit rarement aux normes prévues par son ou ses initiateurs. Elle a toujours sa dynamique propre, résultante de ses contradictions internes. L’O.U.A., groupant plus de trente États, ne devait et ne pouvait pas échapper à cette règle.
Certes, sa création signifie l’enterrement de l’idée d’unité organique, puisque le point 5 du préambule de la charte fait état de « la commune volonté de renforcer la compréhension et la collaboration entre nos États ». Par contre, pour la première fois, le président ivoirien doit manœuvrer en terrain difficile, et avec des moyens relativement réduits, puisque l’influence de Paris est quasi nulle sur de nombreux membres de la nouvelle organisation. Il participe à un aréopage où il a, face à lui, des partenaires francophones, anglophones et arabes d’une autre tendance, et malaisés à manier, ce qui n’était le cas ni au Conseil de l’Entente, ni à l’U.A.M., ni même au groupe de Monrovia.
D’autre part, contrairement à ce qui se passait dans les groupes créés antérieurement, il deviendra de