des Sékou Touré. Il n’a que faire d’une organisation devenue parlement, voire Cour de justice, et s’arrogeant de plus le droit de critiquer sa politique. Ne pouvant y échapper comme État-membre, il lui refusera sa caution.
Et pourtant que de chemin parcouru, que de batailles livrées pour en arriver à cette victoire, à cette réunion d’Addis-Abeba ! Car, il ne faut pas l’oublier, dans les années qui précèdent l’accession de la Côte d’Ivoire au statut d’État souverain, le président Houphouët-Boigny apparaît comme le seul adversaire conséquent de tout projet de fédération africaine. Face à lui, les leaders les plus éminents de l’Afrique Occidentale - MM. Kwame N’Krumah, Sékou Touré, Modibo Keita, Léopold Senghor - se proclament de farouches partisans de la formule fédérale.
Le futur Osagyefo veut créer des « États-Unis d’Afrique » ou, pour le moins, des “États-Unis de l’Afrique occidentale”. M. Sékou Touré l’appuie. A Dakar, MM. Senghor et Modibo Keita mettent sur pied la Fédération du Mali. Au sein même des États du Conseil de l’Entente, des voix discordantes se lèvent en faveur de ces États Unis d’Afrique.
Le président Houphouët-Boigny - fondamentalement hostile à toute idée de fédération proprement africaine - s’emploiera à endiguer d’abord ce puissant courant unitaire, à le maîtriser ensuite, et à le dévier enfin vers un groupement de forme vaguement confédérale, vers l’O.U.A.
La rupture de la Fédération du Mali, en août 1960, déblaie la voie. Deux mois plus tard, le 24 octobre, les représentants de onze États francophones, y compris le président Senghor, se réunissent à Abidjan, en présence d’un observateur venu de Bamako. Deux mois encore, et du 15 au 19 décembre, le regroupement francophone prend forme à la conférence de Brazzaville, conformément aux « formules préconisées depuis des années par le président Houphouët-Boigny ».
A l’issue de cette réunion sur les bords du Congo, M. Ould Daddah déclare :
« ... Le président Houphouët-Boigny a lancé un appel à tous les chefs d’État africains de toute expression pour nous rencontrer et aborder avec nous les problèmes intéressant l’Afrique et le monde. »
C’est la toute première allusion, à notre connaissance, à la possibilité d’un regroupement à l’échelle du continent, faite par le président ivoirien. Il s’agit, bien entendu, d’un regroupement entre États égaux en droits. Il n’est pas question d’abandon de souveraineté.
La riposte ne se fait guère attendre. Quelques