l’immédiat, il conviendrait de suivre le conseil de M. Adlaï Stevenson qui préconisait, le 5 décembre 1957, de « remettre à l’étude la proposition soviétique tendant à cesser toutes les livraisons d’armes aux pays du moyen Orient ». Dans cette course également, le Kremlin a le beau rôle : il arme les nationalismes et gagne, par conséquent, les faveurs de l’opinion publique arabe, tandis que la Maison Blanche arme les féodaux et récolte la haine des bourgeoisies nationales et des masses populaires. Au demeurant, en fournissant des avions ou des
sous-marins au Caire et à Damas, Moscou affaiblit d’autant - sans trop se compromettre - les positions militaires occidentales dans cette région du monde.
Au terme de cette évolution, l’Occident disposera d’un atout majeur : il est riche en capitaux, tandis que l’URSS, avec une économie moins développée et des fardeaux comme la Chine ou la Hongrie, se trouvera dans une position défavorable. L’aide économique du Kremlin - 200 millions de dollars à la Syrie et 200 à l’Égypte - ne peut même pas compenser la progression démographique. Elle constitue une goutte d’eau. Les nationalismes l’acceptent avec gratitude parce que l’Occident pose des conditions à l’octroi de fonds. Mais, dans une compétition générale, le pouvoir de financement du monde libre surpasse, de loin, celui de Moscou.
D’aucuns seront tentés de dire : « Mais pourquoi, à ce stade, devrions-nous continuer à aider les pays sous-développés ? »
Parce que l’URSS le fera. Khrouchtchev, lors de son voyage dans la République de Shri Nehru, en 1955, déclarait que son pays était prêt « à partager son dernier bout de pain avec les Indiens ».
Ensuite - et ce facteur est de loin plus important - il s’agira, à ce moment , de permettre aux gouvernements nationalistes bourgeois de faire face au mécontentement social. A l’heure actuelle, la « lutte contre l’impérialisme » estompe le problème de la faim. Mais lorsque ce même « impérialisme » cessera de représenter un épouvantail, le problème de la faim se posera dans toute son ampleur. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’Occident ne
pourra pousser un soupir de soulagement que le jour où les gouvernements du Caire ou de Damas feront face à des revendications purement sociales. Celles-ci signifieront, en effet, que le monde libre a perdu finalement son qualificatif
|
||
Plan du site |