également son expression diplomatique, c’est-à-dire le « neutralisme ». Or, celui-ci est incompatible avec les pactes. En s’obstinant à obtenir l’alliance des Etats du proche Orient, l’Occident perd leur amitié.
En Jordanie, comme en Arabie séoudite, comme en Iran, le même choix s’impose à l’Occident : ou bien comprendre, soutenir, conseiller les aspirations nationales, appuyer les réformes en fournissant les moyens de les réaliser ; ou alors, en ignorant délibérément les inquiétudes de l’opinion, obtenir l’intégration des pays sous-développés, mais une intégration tout entière tournée contre l’Occident.
Guérir de la pactomanie présuppose toutefois un changement total des conceptions politiques et de la mentalité diplomatique des États-Unis. Car, jusqu’à ce jour, il semble que le Département d’État applique - ou plutôt s’efforce d’appliquer - les thèses exposées en 1950 par le professeur William Carleton, de l’université de Floride. Celui-ci ne voyait que trois solutions pour préserver la balance of powers. Soit aboutir à des alliances solides, sur le double plan militaire et psychologique, avec l’accord des pays non communistes ; soit revenir à l’isolationnisme, solution qui doit être vraisemblablement écartée ; soit, enfin, dominer une grande partie du monde, uniquement par les moyens militaires, économiques, technologiques, sans s’occuper de la psychologie des autres peuples, de leur état social, ou de leur opposition ; les États-Unis, ajoutait M. Carleton, sont parfaitement en mesure de dominer la moité du monde à l’époque actuelle, à la façon de l’ancienne Rome !
Pour ne s’en tenir qu’au proche Orient, il est clair que les événements de ces deux ou trois dernières années n’ont pas corroboré les prévisions du savant américain. Si Washington
est parvenu à maintenir dans son orbite les quinze cent mille Jordaniens, il n’a pu, par contre, passer outre à la volonté des 4 millions de Syriens et des 23 millions d’Égyptiens.
Il est non moins clair que l’application de cette thèse a eu des effets diamétralement opposés à ceux prévus par M.Carleton. La balance of powers, en Orient arabe, a été profondément modifiée. A l’avantage de l’URSS.
Cet obstacle « subjectif » éliminé, il s’en présente un second, « objectif » celui-ci, à savoir les intérêts acquis naguère
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