ou non, né circoncis ?), les Hadith, etc, ne les intéressent nullement. Matérialistes, ils sont convaincus que l’estomac prime la foi. Réalistes, ils s’aperçoivent qu’il est temps d’exploiter les divergences entre les capi-
talismes arabe et occidental. Dialecticiens, ils savent que le nationalisme proche-oriental a besoin d’eux, comme ils ont besoin de lui. Gardant leurs pieds solidement sur terre, ils s’attachent donc uniquement à l’analyse de la situation économico-politique, et à la recherche des moyens les moins onéreux et les plus rapides pour étendre la zone d’action soviétique en Orient arabe.
L’expérience de ces trois dernières années semble avoir donné raison à la conception des orientalistes russes.
Moscou estime à sa juste valeur toute l’importance des peuples des « pays coloniaux et semi-coloniaux ». Lénine et Staline ne les considèrent-ils pas comme les réserves stratégiques du prolétariat international ? Dans l’un des derniers articles qu’il rédigea avant sa mort Lénine écrivait :
L’issue de la lutte (entre le socialisme et le capitalisme) dépend en fin de compte de la Russie, de l’Inde, de la Chine, etc, qui forment la majorité gigantesque de la population. Cette majorité a été précisément entraînée, durant les dernières années et avec une rapidité sans précédent, dans la lutte pour la libération. C’est pourquoi il ne peut y avoir l’ombre d’un doute quant à l’issue finale de la lutte à l’échelle mondiale...
Ici, il convient d’ouvrir une parenthèse pour faire justice d’un mythe érigé en théorie. A en croire certains, les Russes poursuivraient actuellement « la politique traditionnelle des tsars : s’assurer l’accès aux mers chaudes ». Pour quoi faire ? En temps de paix, les navires soviétiques passent tranquillement par les Détroits pour débarquer à Lattaquié ou à Alexandrie leurs chargements d’armes
ou autres ; en temps de guerre, il est vraisemblable que les engins apocalyptiques feront le plus gros du travail. La politique des bases militaires est démodée. D’autant qu’elle a pour corollaire l’hostilité de nationalismes chatouilleux. L’amitié du Caire, de Damas ou de Bagdad pour Moscou, et leur inimitié pour Londres, Washington et Paris, valent tous les aérodromes et tous les ports, non seulement d’Égypte et de Syrie, mais de l’ensemble du proche Orient.<br class=’autobr’
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