l’entrée des publications soviétiques - considérées alors comme « subversives » - était formellement interdite en Égypte. Deux ans plus tard, le lecteur égyptien peut acheter dans n’importe quel kiosque : Temps nouveaux, La Femme soviétique, l’Union soviétique, International Affairs, La littérature soviétique ou Les Nouvelles de Moscou.
Voks, organisme culturel soviétique, a ouvert de nombreuses écoles au Caire, à Alexandrie et à Damas, pour l’enseignement de la langue russe. Contrairement à leurs collègues anglais du « British Institute » de naguère, la plupart des professeurs russes connaissent parfaitement l’arabe. Les Syriens et les Égyptiens en sont évidemment flattés.
Les tragiques événements de Budapest fournissent un exemple encore plus frappant du prestige et de l’influence acquis par les Soviétiques en proche Orient. La presse occidentale parlait de « révolution », de « soulèvement du peuple hongrois contre ses oppresseurs » ; les journaux arabes les qualifiaient de « contre- révolution », de « complot impérialiste ». Ils ne publiaient que les dépêches de l’Agence Tass !
Il ne faut pas, pour autant, recourir aux interprétations faciles, voire fantaisistes : il n’y a pas de « satellisation politique » ; il n’y a pas eu de "coup de Prague". Le Nasser qui se rapproche de Moscou est celui-là même qui signa le traité anglo-égyptien d’octobre 1954. Le gouvernement syrien est celui-là même qui, longtemps, demanda des armes à la France. Les dirigeants du Caire et de Damas
sont des nationalistes « bourgeois » et non des communistes. Les Alliés avaient fait cause commune avec I’URSS pour combattre leur ennemi commun : le nazisme. Aujourd’hui les nationalistes arabes font cause commune avec I’URSS pour combattre - pacifiquement - l’Occident. « Pourquoi, demandait M. Fakher Kayali, ministre syrien des Travaux publics en 1957, ne devrions-nous pas avoir de l’amitié et de la gratitude envers l’Union soviétique qui nous soutient lorsque d’autres puissances tentent de nous isoler pour nous détruire ? »
Mais cette amitié et cette gratitude ne peuvent masquer la réalité aux yeux des nationalistes arabes : ils craignent l’URSS, son influence, son dynamisme. « L’Égypte, déclarait Abdel Nasser, ne maintient ses relations commerciales avec l’Union
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