n’arrivent plus à analyser objectivement la situation. Le Times de Londres, par exemple, demandait sérieusement à ses lecteurs de se poser la question suivante, à propos d’Abdel Nasser : « Est-ce une bonne chose pour nous ? »
Une telle interrogation pouvait être valable il y a une dizaine d’années, quand l’ambassadeur de Sa Majesté au Caire, pouvait faire et défaire les gouvernements. L’essentiel, depuis quelque temps, est de savoir si Abdel Nasser, le général Kassem et le roi Hussein, sont de "bonnes choses" pour les Égyptiens, pour les Irakiens et pour les Jordaniens.
D’ailleurs poser une question de ce genre signifie n’escompter qu’une seule réponse : « Abdel Nasser n’est pas une bonne chose », « Kassem, n’est pas une bonne chose » et « Hussein est une bonne chose », pour nous, Britanniques. Or, c’est là l’un des meilleurs moyens pour renforcer la position des dirigeants du Caire et de Bagdad, et affaiblir celle du monarque hachémite. C’est donner
des lettres de noblesse aux deux premiers et confirmer la « trahison » du troisième. Au début d’avril 1956, la presse anglaise qualifiait Gamal Abdel Nasser d’ « ennemi n° I de la Grande-Bretagne ». Aussitôt, les journaux d’Égypte pavoisaient. La revue Al Tahrir tirait gloire de l’inimitié de Londres pour le colonel égyptien.
Autre erreur de l’Occident, due à la méconnaissance du fait nationaliste : sa « pactomanie ». Ses pactes ont un double but : mobiliser les pays arabes contre l’URSS tout en leur faisant accepter l’alliance avec l’Occident. Ce sont précisément les deux actes que le nationalisme ne peut accomplir sous peine de se détruire.
Se dresser contre L’URSS ? Pourquoi faire ? Pour devenir prisonnier de l’Occident et s’interdire les séduisantes « nationalisations » ? Pour perdre la faculté enviable de jouer sur les deux tableaux ?
S’allier à l’Occident ? Pour quoi faire ? Pour quoi faire ? Pour être considéré comme un « agent de l’impérialisme » par une opinion publique extra-susceptible ? Pour risquer d’être dépassé par la rue ? Pour être entraîné dans une guerre où l’on
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