maladresses.
Certains, comme M. Maurice Duverger, vont plus loin et refusent de voir uniquement des erreurs dans l’attitude du monde libre :
L’Occident sait, écrit-il, ce que lui-même devrait faire. Mais il ne le fait pas, parce que sa structure l’en empêche. Il consolide pour quelque temps des monarchies féodales qui garantissent les bénéfices des sociétés pétrolières, en nourrissant la rancune durable des jeunes élites politiques qui voudraient moderniser leur pays ... Jamais peut-être la contradiction n’est apparue plus clairement entre les intérêts des entreprises capitalistes, axés sur le rendement à court ou moyen terme, et les intérêts généraux à long terme que l’État devrait promouvoir. Mais l’État, en Occident, est aux mains de ces entreprises. Et, si leurs bénéfices ne sont point directement en jeu, c’est tout l’esprit mercantile du système qui ressort (« donnant donnant ») pour annihiler les bonnes intentions et les velléités généreuses.
Pris entre le caractère planétaire de l’enjeu et les intérêts acquis jadis par ses citoyens dans toutes les régions sous-développées, l’Occident hésite. Il voudrait concilier l’inconciliable. Car la « nationalisation » des biens étrangers par les jeunes États est à la mode. Si l’Occident, par une réaction somme toute naturelle, se dresse pour préserver les droits de ses ressortissants - et il le fait presque toujours - il se heurte aux nationalismes ambitieux. Le problème est alors porté sur le plan politique sans, pour autant, que les droits en question soient défendus efficacement. La crise de juillet-novembre 1956 qui suivit la nationalisation de la Compagnie du canal de suez par Abdel Nasser, n’a pu rétablir le statu quo ante ; elle n’a servi qu’à accentuer la méfiance morbide du nationalisme arabe - et non seulement égyptien - envers l’Occident. Tant il est vrai qu’au siècle de l’ONU, avec le cadre strict tracé par les
moeurs internationales modernes, une puissance ne peut plus utiliser les méthodes de naguère, pour défendre les intérêts de ses ressortissants.
Les réformateurs se sont toujours heurtés à un obstacle majeur : les habitudes, la coutume. Kemal Ataturk a eu moins de difficultés à séculariser la Turquie qu’a convaincre ses concitoyens de remplacer la « fez » par la casquette. Les hommes d’État européens, habitués à faire la pluie et le beau temps dans les pays dépendants, semblent incapables de s’adapter aux conditions nouvelles. Ils
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