L’avenir du monde, il y a un demi-siècle encore, se décidait à Berlin, à Paris ou à Londres. Les dirigeants d’une poignée d’États européens, réunis autour d’un tapis vert, réglaient entre eux le sort de dizaines de peuples. Les temps ont changé. Comble de l’ironie, l’issue de la lutte titanesque entre le monde libre et le bloc oriental, dépend et dépendra de l’attitude des pays sous-développés, des pays de Bandoeng ; pourtant ces jeunes États ne disposent ni de capitaux, ni d’industries, ni d’armées, ni de bombes atomiques. Ils sont privés de tous les signes extérieurs de puissance.
L’enjeu est tellement important que M.Richard Nixon, vice-président des États-Unis, n’hésitait pas à déclarer :
« Nous sommes au centre d’un conflit mondial dans lequel les “spoutniks” ne sont qu’un simple épisode... Le véritable danger pour les USA réside dans les efforts déployés par l’Union soviétique en vue d’obtenir l’appui des pays “non engagés” d’Asie, d’Afrique et du moyen Orient. »
Le Washington-Post, commentant de son côté la « Conférence de solidarité afro-asiatique », écrivait qu’elle aurait « une influence sur le sort de l’humanité pour les décades à venir ».
La question qui vient aux lèvres est un : pourquoi plein d’étonnement.
Parce que les « pays de Bandoeng » forment une masse humaine de prés d’un milliard d’âmes. Que ces centaines de millions d’êtres humains basculent de l’autre côté du rideau de fer, et la pression aux portes du monde libre deviendra bientôt intolérable.
... Parce que l’âge du charbon, qui fut à la base de l’expansion économique et coloniale de l’Europe, qui était à la base de sa puissance, est progressivement dépassé.
Nous sommes encore à l’âge du pétrole. « L’Europe occidentale, écrivait le U.S. News & World Report, a besoin du pétrole pour remplacer le charbon qui lui manque. En 1955 elle a importé 615 millions de barils de
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