du Soudan à Paris. Selon le
protocole, son rang n’est pas inférieur à celui de l’ambassadeur de Sa Majesté britannique.
Cette égalité avec le représentant de la puissance qui dominait il y a cinq ans encore le Soudan, il la doit à l’indépendance. Peut-on s’étonner qu’il ait lutté contre « l’impérialisme » ?
La pénurie de diplomates est telle que le ministre des Affaires étrangères soudanais faisait savoir, par la voie de la presse, le 2 mars 1956, qu’il cherchait des candidats pour cinq ambassades, dix légations et deux sous-secrétariats d’État... Autant de sinécures pour gens cultivés.
Il existe, enfin un facteur psychologique qui pousse les intellectuels indigènes à la révolte contre l’occupant. Les membres de l’intelligentsia ressentent, en effet, plus que leurs concitoyens, l’affront du colour bar, de la discrimination raciste.
Gandhi fit ses premières armes de nationaliste en Afrique du sud : il y défendait les droits des Indiens maltraités par les Blancs.
M.Nkwame Nkrumah - auteur d’une fameuse brochure polémique dans laquelle il démontrait la primauté de l’intelligentsia sur le mouvement nationaliste - leader incontesté du nationalisme de la Côte de l’Or, et actuel président du Conseil du Ghana, reconnaît lui-même que sa prise de conscience fut accélérée par son long séjour aux États -Unis.
Il ne faudrait surtout pas croire que ces phénomènes apparaissent uniquement dans les domaines coloniaux des
puissances européennes. La Sublime Porte, elle aussi, se heurta à un nationalisme arabe d’essence intellectuelle. Mais là, le problème se présentait sous un jour sensiblement différent.
Certes, les maîtres de l’Empire ottoman condescendaient à « civiliser » les « Arabes barbares » en leur entrebaillant les portes des universités turques. Mais ce sont surtout des institution européennes qui s’attelèrent à cette tâche éducative.
« L’histoire du mouvement national en Syrie, écrit Georges Antonius dans son Réveil arabe, coïncide avec la fondation à Beyrouth vers 1850 d’une modeste société littéraire sous patronage américain... quand cinq jeunes gens
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