L’objectif du général Kassem correspondant aux voeux de l’opinion publique, aucun corps de l’armée, même celui se trouvant en Jordanie, ne pensera à s’opposer au coup d’État.
Il ressort de cet ensemble de faits que le nationalisme arabe ne peut être considéré comme un phénomène anormal. Au contraire, il va dans le sens de l’Histoire et se pose dans le cadre général du mouvement des peuples qui cherchent à se constituer en nations distinctes. C’est peut-être un anachronisme au siècle des abandons de souveraineté, de la C.E.C.A., de l’Euratom, du Marché commun, etc. Il n’en reste pas moins que les États d’Europe, férus de « supra-nationalité » sont tous passés, au préalable, par une phase purement nationale.
Le monde arabe en est encore là. Il paraît difficile de le lui reprocher du point de vue économique son retard est encore plus considérable.
La création, par la puissance dominante, des éléments d’une intelligentsia et d’une bourgeoisie autochtone, jointe à la naissance d’un prolétariat local, ne pouvaient pas ne se traduire par l’éclosion du sentiment national. Celui-ci emploiera toutes les armes qui lui tomberont sous la main pour atteindre son but : l’indépendance.
Ceux qui ressentent la nostalgie de l’Orient féerique de jadis, de l’Orient des contes et des mille et une nuits,
comprendront peut-être mieux cette évolution irréversible en suivant la pensée d’un vieux fonctionnaire syrien. Au mois d’août 1947, dans un café de Damas, il exposait à un groupe de jeunes gens sa conception du mouvement national.
« Les temps ont changé, disait-il. Il y a une cinquantaine d’années, j’étais marié et père d’un enfant de 18 mois, quand mon père me gifla : il m’avait vu aux alentours d’un débit de boissons. Je lui donnai raison, lui baisai la main et demandai pardon... J’ai un arrière-petit-fils maintenant : il n’a que 19 ans. Il pense avoir atteint la maturité et rêve d’indépendance. Son père et sa mère ne sont pas du tout “vieux jeu”. Et pourtant, le gosse parle de tyrannie paternelle, de gagner sa vie pour en finir de la tutelle de ses parents, etc. J’ai dit à ma petite-fille que c’était le mal du siècle, qu’elle n’y pouvait rien. Mais comment le lui faire comprendre ? Elle croit qu’elle peut le garder encore sous son aile, et lui dicter sa conduite... »<br class=’autobr’
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