elle l’avait été des dizaines de fois par le passé : qu’importe, le responsable était le Français qui « pillait » le pays, sans rien faire pour l’aider. Les réfugiés palestiniens vivent aujourd’ hui dans la misère ? Les nationalistes jordaniens s’empressent d’expliquer que le seul responsable en est « l’impérialisme », etc.
Devant l’ampleur - devenue visible- du mouvement national, la puissance dominante consent alors à se dépouiller d’une parti de ses privilèges. Ses concessions, qui viennent le plus sou vent trop tard, sont jugées insuffisantes
par la masse, même si une parti des cadres s’y montre favorable. Les meilleures des réformes sont critiquées, voire sabotées. La masse cesse de suivre ses leaders : elle les pousse. Elle se montre intransigeante, rejette les compromis susceptibles de satisfaire ses cadres intellectuels ou bourgeois. Cette surenchère interne du mouvement national se traduit par une accentuation de la surenchère externe, « anti- impérialiste ».
Ce phénomène des masses explique la persistance d’un nationalisme chatouilleux, après l’accession à l’indépendance. Celle-ci satisfait les ambitions de l’intelligentsia et de la bourgeoisie dans une très large mesure. La plupart du temps, elles n’ont plus que faire d’un nationalisme vidé pour elles n’ont plus que faire d’un nationalisme vidé pour elles de toute substance. Très souvent, leurs intérêts coïncident même avec ceux de l’ancienne puissance dominante. Mais les masses ? L’ouvrier, le cheminot, le petit fonctionnaire, le boutiquier, etc., ne peuvent prétendre aux postes de chefs de service, et encore moins à ceux de ministres ou d’ambassadeurs. Leur sort reste inchangé.
Ces masses de miséreux créées pas le « colonialisme », utilisées par les cadres intellectuels et bourgeois dans leur lutte contre la puissance dominante, deviennent bientôt une véritable calamité pour leurs dirigeants nationalistes de naguère. Elles ont pris conscience de leur force dans la « lutte anti-impérialiste ». Elles se rendent compte que leur chefs gardent pour eux la plus grosse part du gâteau national . Elles ont tendance à reprendre en mains l’étendard du nationalisme, contre leurs vieux leaders accusés de faire cause commune avec ce même impérialisme qu’ils
vomissaient autrefois. Pour elles, l’ennemi était et reste l’impérialisme.
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