/>
L’importance du facteur économique était soulignée dès 1930 par Nehru, quand il déclarait : « Si un gouvernement indien succédait aux gouvernements étrangers et laissait tels quels tous les intérêts étrangers, un gouvernement de ce genre ne pourrait prétendre avoir assuré au pays l’ombre de la liberté... »
Même schéma en Égypte : aux yeux des commerçants égyptiens, l’indépendance, pour laquelle ils luttaient en
1919 contre les Anglais, signifiait surtout la suppression des restrictions à l’exportation du coton, et la libération des prix de ce produit. Il est caractéristique également que l’un des premiers résultats de la révolution de 1919 ait été précisément la fondation de la Banque Misr, dont le statut précisait, pour la première fois dans l’histoire, que ses actions seraient exclusivement réservées aux Égyptiens.
Les Anglais tirent généralement les leçons de leurs expériences malheureuses du passé. Ils semblent avoir pris conscience de l’importance du rôle que peut jouer une bourgeoisie naissante dans l’essor du mouvement national. Ainsi en mai 1955, le décret -loi n° 151 contraignait les négociants étrangers du Koweït - en majorité syriens et irakiens - enregistrer leurs maisons commerciales aux noms de citoyens koweitis, avant la fin de l’année. Depuis cette date, les commerçants étrangers ne peuvent plus exercer d’activités qu’en association avec des ressortissants du pays. Une telle loi, en satisfaisant les ambitions immédiates de la bourgeoisie koweitie naissante, retardera d’autant l’éveil nationaliste. Pour le moment, cette bourgeoisie, participant à la distribution du « gâteau national », ne peut être intéressée par un mouvement nationaliste quelconque. Elle ne brandira de nouvelles revendications qu’une fois la digestion accomplie. A ce moment, mais à ce moment seulement, jouera le fameux principe : « Tout besoin satisfait crée un nouveau besoin. » Et Londres aura gagné entre temps un répit de plusieurs années.
Mais cette élite indigène, essentiellement commerçante au début par défaut de connaissances techniques, évolue
fatalement vers l’industrie. Alors se pose la question de la concurrence des produits étrangers. La métropole disposant d’une technicité supérieure, possédant des connaissances techniques qui ne peuvent s’acquérir en quelques mois, et pouvant compter sur un vaste marché, peut produire à meilleur prix
|
||
Plan du site |