l’Empire des Habsbourg, ou si l’on préfère, des « ex-colonialistes ». Et à partir de 1924, la diplomatie française comptait sur cette Petite Entente pour faire contrepoids à l’expansionnisme allemand.


Pour les Arabes, ce processus historique est, certes, de date plus récente. Mais ce décalage dans le temps ne peut constituer un prétexte valable pour leur refuser le droit de prendre conscience de leur entité distincte et d’aspirer à une vie autonome.


Cet « anachronisme » politique s’explique au demeurant par le retard économique et social du monde arabe. Les peuples dominés d’Europe avaient accédé déjà à la phase moderniste, capitaliste, quand ceux d’Orient se débattaient encore dans l’économie féodale. Car - et il ne s’agit nullement d’une simple coïncidence - le modernisme économique a toujours précédé l’éveil nationaliste.



Une société forme un tout. L’interdépendance est totale entre tous les éléments de cette société. Si l’on modifie l’un d’eux, tous les autres ne peuvent manquer d’en être influencés. Cet axiome constitue d’ailleurs l’une des données fondamentales de l’anthropologie moderne.


Or, cette loi fut toujours ignorée par les ex-puissances colonisatrices. Elles ont longtemps cru pouvoir assurer la pérennité de leur domination en s’appuyant sur la structure féodale déjà en place à leur arrivée ; mais en même temps il leur a fallu briser cette structure pour transformer leurs colonies en réservoir de denrées nécessaires à la métropole et en déversoirs pour leurs produits manufacturés. Elles durent donc modifier non pas un, mais plusieurs éléments de la société originelle.


Ainsi, pour ouvrir des marchés, indispensables à l’écoulement de leurs produits, les puissances dominantes devaient, avant tout, détruire l’économie féodale, économie par définition fermée, c’est-à-dire divisée en îlots quasi autarciques. Ces puissances y parvinrent soit en éliminant l’artisanal local, comme cela cela s’est passé en Inde, soit en encourageant la monoculture, en Egypte par exemple. Pour leurs industries extractives et leurs plantations - de Malaisie ou de la Côte de l’Or - elles avaient aussi besoin d’ouvriers. Ces travailleurs, groupés sur les lieux du travail, loin de leurs villages, se trouvaient ainsi libérés de la tutelle de leurs chefs traditionnels.

Creative Commons License Fonds d’archives Baulin (http://www.fonds-baulin.org), développé par Résurgences, est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons : Paternité-Pas d’Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.
Plan du site
Site propulsé par l'Atelier du code et du data, chantier d'insertion numérique