Depuis la seconde guerre mondiale, le bolchevik s’est civilisé : on ne le représente plus sous les traits de « l’homme au couteau entre les dents ». Pour d’innombrables Européens, cette image sert à illustrer aujourd’hui le nationalisme arabe.
Tous sont préoccupés par ce phénomène que l’on croit nouveau. Beaucoup s’interrogent sur son contenu. Certains l’expliquent simplement par le fanatisme musulman : à les croire, seule l’étude de l’antagonisme traditionnel entre islam et chrétienté peut éclairer le problème. Pour d’autres, il faudrait plutôt chercher la main de Moscou. Une troisième catégorie rend un hommage indu à Gamal Abdel Nasser : sans lui, pas de nationalisme. Et enfin l’essor nationaliste est expliqué à Paris par la sournoiserie anglaise ou la cupidité américaine, outre-Manche par la bêtise proverbiale de la politique coloniale française, et à Washington par l’anachronisme des méthodes de Paris et de Londres.
Il y a évidemment un peu de tout cela dans le phénomène nationaliste. Mais si toutes ces causes extérieurs influent sur l’évolution du nationalisme, elle n’en conditionnent nullement la naissance et le développement.
Pour comprendre le nationalisme, il faut étudier son
mécanisme interne, les forces qui président à sa prise de conscience, celles qui déterminent sa croissance. Et on n’y peut réussir sans se débarrasser, au préalable, de tous les préjugés et opinions préconçues susceptibles de masquer à un esprit européen une réalité exotique.
Le nationalisme est un phénomène normal, naturel, commun à tous les peuples qui cherchent à accéder au rang de nations.
La fin du XIXe siècle et le début du XXe ont vu l’épanouissement des mouvements nationalistes européens. Les Grecs, les Bulgares, les Roumains, les Tchèques, les Slovaques, les Polonais, les Serbes, etc. se débarrassaient tour à tour des jougs ottoman, russe et austro-hongrois. Ils constituaient leurs propres États indépendants. La Petite Entente, formée par la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et la Roumanie au lendemain de la première guerre mondiale, n’avait qu’un but : s’opposer au rétablissement de
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