fierté n’avait aucun contenu « bourgeois ». Je devais le constater de visu.
En effet, un après-midi, devant rejoindre le Président au jardin, je passe donc obligatoirement par le grand salon de réception. Il me semble que le nombre de fauteuils et de canapés y a notablement augmenté. Mieux, j’ai une impression de déjà vu.
La discussion terminée, le Président se dirige vers son bureau. En repassant par le grand salon, je ne puis m’empêcher de regarder longuement certaines pièces du mobilier pour essayer de retrouver leur cadre antérieur. M. Diori le remarque, éclate de rire et me dit :
« Vous les reconnaissez ? Ce sont les fauteuils et canapés de la villa présidentielle d’Houphouët. Il voulait s’en débarrasser. Je lui ai dit de nous les envoyer car, contrairement à ce qu’il croyait, ils sont neufs. Plus que les nôtres en tout cas. Ce sera autant d’économies pour nous. »
Enfin, un dernier exemple mais dans un tout autre domaine.
En février 1971, le Président avait invité quelques journalistes canadiens en visite au Niger à l’accompagner lors de l’une de ses tournées traditionnelles à l’intérieur du pays. Nous avions fait halte, pour la nuit _une nuit éprouvante marquée par une offensive généralisée de tous les moustiques de la province_ à Birnin Konni, ville limitrophe de la frontière nigériane.
Au matin, nous devenions les témoins éberlués d’un événement historique sans précédent : le Sultan de Sokoto, la plus haute autorité traditionnelle et religieuse de l’Afrique noire musulmane, traversait, dans une caravane de Mercedes de toutes tailles et de Land Rovers bourrées de militaires et de policiers de tous rangs, la frontière pour venir rencontrer le Président chez lui, au Niger. Il apportait de plus, comme présent, un magnifique étalon blanc...
Le Président avait peine à masquer son évidente satisfaction pour la faveur insigne faite à son pays par le descendant de Othman dan Fodio, le grand conquérant peul. Pour marquer l’importance de l’événement, il a simplement dit, en passant, à ses invités canadiens : « Je n’aurai plus à revenir par ici pour les élections... »
Phénomène d’ordinaire rare, le président Diori manifestait, en toutes circonstances, beaucoup de courage. Au plan des relations internationales comme hors de ces sphères éthérées. Il avait le courage de ses idées, le courage de ses amitiés.
Ainsi, de l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle en 1958 au putsch d’avril 1974, le Président avait maintenu ses relations avec ses anciens collègues de l’Assemblée nationale française. Contrairement au président Houphouët-Boigny qui jouait à fond la carte gaulliste et avait cru devoir couper ses liens avec ses anciens amis de la gauche modérée, le
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