peuple juif_ de la politique extérieure d’Israël depuis la guerre des Six jours.
La victoire écrasante des armées israéliennes provoque alors des remous profonds au sein de l’élite nigérienne. Le Président lui-même est quelque peu choqué, même s’il pense qu’une telle défaite est susceptible de calmer le bellicisme verbal qui prévaut, à cette époque, en Orient arabe.
Toutefois, comme la plupart des observateurs et hommes politiques, le chef d’État nigérien pense que les Israéliens sauteront sur l’occasion pour négocier le retour aux pays arabes des territoires conquis contre une paix en bonne et due forme. Durant les mois qui suivent, il semble que le principal obstacle soit constitué par la demande arabe d’évacuation des territoires occupés comme préalable à toutes discussions de paix.
Tel-Aviv s’opposait à cette prétention et exigeait au contraire une conférence de paix immédiate, avant d’envisager un quelconque retrait des troupes israéliennes. D’où l’idée, simple mais inédite à cette époque, de préconiser un plan en trois étapes successives, susceptible de satisfaire les deux parties :
1. Évacuation des territoires conquis par les Israéliens.
2. Non retour de la souveraineté arabe sur les territoires ainsi évacués afin d’éviter un nouveau « malentendu » comme celui de Sharm el Cheikh, qui avait servi de prétexte à la guerre des Six jours.
3. Démilitarisation, occupation et administration de ces territoires par les troupes de l’ONU jusqu’à la signature de traités de paix.
Le Président croit à la validité du projet. Tel-Aviv, pense-t-on innocemment, doit être satisfait dans la mesure où la solution préconisée garantira la sécurité d’Israël en maintenant les troupes arabes loin de ses frontières. Par ailleurs, pour rétablir leur souveraineté sur les territoires conquis, les Arabes seront « obligés » de venir à cette table des négociations tellement souhaitée, du moins en public, par tous les dirigeants de l’État juif.
Le Président me charge donc de passer par Jérusalem, juste pour tâter le terrain avec les nombreux officiels israéliens dont j’avais fait la connaissance à Paris, Abidjan et Niamey. En cas d’adhésion de principe des Israéliens à ce schéma largement ouvert à la discussion, il envisage même la possibilité d’une demande de convocation de l’Assemblée Générale de l’ONU en session spéciale.
Je reste quatre jours à Jérusalem. J’y rencontre de nombreuses personnes amies. Je quitte Israël sidéré.
De retour à Paris, j’envoie, le 4 novembre 1968, par courrier recommandé, au président, une lettre-compte-rendu de cinq pages, qui commence par la phrase : « Ma mission en Israël est un échec complet. »
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