Harraps (Édition 1961), « quatre erreurs de traduction dont trois méchantes », « deux verbes ajoutés » et « des erreurs d’interprétation ou de nuances. » Je précise enfin l’absence de guillemets dans le texte anglais. Peine perdue. En effet, commentant ma version, le président Houphouët dira le lendemain à son collègue nigérien : « Mais voyons, à l’Élysée ils ont quand même des traducteurs beaucoup plus expérimentés et connaissant mieux leur métier que Baulin... » Je ferai remarquer au Président qu’ils étaient peut-être moins objectifs.

Diori Hamani se montre ulcéré. De toute évidence, il le sent, on va essayer de l’humilier. « Ils ne vont même pas me laisser voir de Gaulle, me confie-t-il. Heureusement, ajoute-t-il, qu’à mon arrivée, j’avais pris la précaution de dire que je ne le verrais que si son calendrier le lui permettait, de façon à ne pas perdre la face. » Je suggère au président Diori de faire l’impossible pour rencontrer le général de Gaulle. D’exiger au besoin une entrevue, afin de brouiller le jeu de ceux qui cherchent à empoisonner l’atmosphère entre l’Élysée et lui.

Il y aura, le 8 avril, une nouvelle rencontre entre MM. Diori et Foccart. Celui-ci remettra sur le tapis la non-invitation de l’ambassadeur de France à Londres, et lui demandera de démentir l’article du Times, chose que le président refusera avec hauteur, en faisant valoir que ce serait s’abaisser. Sans compter que le journal pourrait relever que ses dires n’avaient pas été cités entre guillemets.

Le général de Gaulle, à deux semaines de sa chute, refusera de recevoir le président Diori.

En contrepartie de ces avanies, force est de le constater, la politique de principe conséquente du président Diori durant la guerre civile au Nigéria provoquera des retombées bénéfiques pour le Niger.

Le renforcement des liens avec le Nigéria assoira sur des bases particulièrement solides la stratégie tripolaire [8] du président Diori et augmentera d’autant sa liberté de mouvements, donc l’indépendance de son pays.

L’amitié entre les deux pays voisins sera constamment, sciemment, renforcée par de multiples manifestations publiques de reconnaissance prodiguées par les plus hautes autorités du Nigéria.

Ainsi, le 28 février 1970, quelques semaines après la fin de la guerre civile, le chef d’Etat nigérien rencontre son homologue nigérian à Sokoto même. Les accueillant, le général Usman Faruk, gouverneur militaire de l’Etat du Nord-Ouest, déclare :

« Je suis sûr d’exprimer la pensée de tous dans ce pays en disant

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