membres du CMS a un proche ou un parent parmi les 41 de la liste. En épargnant ces derniers, il est donc sûr d’engager l’épreuve de force dans les meilleures conditions, avec les meilleures chances d’isoler le commandant Sani au sein du CMS. Le piège est grossier. Qu’importe. Le numéro 2 du régime militaire, « l’officier le plus intelligent de l’armée nigérienne » s’y précipite : il s’oppose, soutenu par le seul Boulama Manga, aux arrestations sélectionnées. La majorité du CMS passe outre. Erreur plus grave encore, Sani propose l’arrestation des 41 autres hiérarques. De nouveau, il est mis en minorité.
Pour la première fois, la tension devient quasiment palpable au sein du Conseil Militaire Suprême. Le colonel Kountché a décidément engagé le combat pour le pouvoir sans partage. En ce faisant, il signale aux officiers en général et à ceux du CMS en particulier qu’il existe dorénavant un second pôle d’attraction.
La victoire du colonel Kountché au sein du CMS prouve à quel point Sani se faisait des illusions. Il commence, semble-t-il, à s’en rendre compte. Ses camarades aussi. Ainsi, le commandant Sory, rentrant le surlendemain de l’étranger et mis au courant des événements, ira répétant : « Maintenant, il faut s’attendre à un nouveau coup d’État. »
L’arrestation de Maitouraré Gadjo fait évidemment sensation dans sa région d’origine. Ainsi, fin octobre, lors de la visite du colonel Kountché dans l’est du pays, beaucoup de notabilités de Damagaram interviennent pour lui faire comprendre qu’il faut le libérer. Durant cette tournée, le colonel reçoit également le consul du Niger à Lagos. Ce dernier l’informe des réactions des autorités fédérales et de la nécessité, à son avis, de ne pas antagoniser les Nigérians qui « peuvent étouffer le Niger en huit jours. » Le consul lui dit encore que les Nigérians ne comprennent pas comment le régime qui s’était abstenu d’arrêter Maitouraré immédiatement après le coup d’État, le fasse au lendemain de ses efforts méritoires, durant la période la plus grave de la sécheresse, pour organiser le ravitaillement dans l’est du pays.
Le 4 novembre, le colonel Kountché arrive à Lagos en visite officielle. Le général Gowon a finalement accepté, au bout de sept mois d’efforts, de le recevoir. Il lui demande d’abord des nouvelles du président Diori emprisonné à Zinder, ville que le colonel a visité quelques jours auparavant. Il lui répète qu’il considère le Président comme son père et que sa sécurité l’intéresse au plus haut point. Il l’interroge ensuite sans complaisance, sur les causes de l’arrestation de Maitouraré et lui fait comprendre qu’il ne peut accepter l’élimination progressive de tous les Nigériens ayant manifesté leur sympathie au Nigéria et